« Le bruit et la fureur » de William FAULKNER

Le bruit et la fureurIl est des livres qui vous font vous interroger sur une vie sans lecture. Ce roman de William FAULKNER en est un. Comment peut-on vivre sans lire ? Certes ce troisième roman, dans l’ordre de mon voyage à travers cet auteur, est difficile d’accès, rebutant sans doute pour qui est habitué à une construction usuelle, mais lorsque l’on s’y laisse dériver, on en ressort enivré, secoué.

Chacun des chapitres est écrit selon l’un des personnages de l’histoire, l’histoire d’une famille bousculée. Aucune chronologie n’est respectée (à l’exception du dernier chapitre), on virevolte du passé au présent et du présent au passé au gré des associations d’idées du narrateur. Alors c’est le lecteur qui est bousculé, magistralement bousculé dans ce tourbillon de pensées parfois confuses, rarement explicites, mais toujours limpides si l’on se prête au jeu de l’auteur.

Le bruit, pour les incessants cris de Benjy, narrateur du premier chapitre, innocent au cerveau animal, qui ressent plus qu’il ne comprend, mais qui sent et pressent de tout son être et qui ne peut s’exprimer que par ses hurlements.


La fureur, pour la vie de Caddy, qu’elle dévore au point de s’y perdre et d’y perdre ses frères et son enfant. Sa fureur à aimer, sa fureur dans la révolte, sa fureur de louve cherchant à revoir sa fille.


Le bruit, pour Quentin, frère à l’amour incestueux qui se souvient comme d’autres souffrent, qui écoute obsessionnellement le bruit du temps qui lui reste.


La fureur encore, pour Jason, violent raté. Egoïste et intolérant primaire, raciste, antisémite, qui se complait dans le rôle de victime de l’autre, des autres.


Et puis, soudain, le bruit des chants religieux, la fureur de la croyance et de la tolérance. Le dernier chapitre nous recentre sur Dilsey, et comme souvent chez FAULKNER c’est la femme noire, simple, toute dévouée à des maîtres qui valent si peu, qui est le personnage le plus beau, le plus doux, le plus grand du livre.

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2 réflexions au sujet de « « Le bruit et la fureur » de William FAULKNER »

  1. Je viens de lire ton bel article où tu acheves sur Catherine Custer…(famille je vous hais), viellle référence française, sans parler de cet imbécile de rimbaud…je conseillerais, quoique profédément athée, la lecture du début des Confessions de ST Augustin, qui en la matière a largement fait exploser ce sinistre petit bonhomme de Freud.

  2. Ping : Aujourd’hui | Littérature et billets d'humeur : Parole de vilaine

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