« Demain nous fêterons les Roses ! » annonce d’une voix enjouée la présentatrice à la fin de son bulletin météorologique (pluvieux). Tressaillement ! Coïncidence ultime ! Je viens tout juste de quitter Rose, petite narratrice de quinze ans qui en paraît la moitié, toute petite chose à l’esprit torturé, qui s’occupe de ses lapins élevés sur le toit de son immeuble.
J’ai rencontré Rose par hasard, en flânant dans ma librairie favorite. Le titre du livre (« Déloger l’animal »), l’illustration choisie par l’éditeur (Babel), m’ont convaincue d’emmener ce petit bouquin dans l’antre de ma gibecière. Je ne connaissais pas l’auteur (Véronique Ovaldé), je n’ai pas lu le résumé (en même temps, je ne lis plus les résumés depuis « Belle du Seigneur » et la révélation que j’ai eu en découvrant que le résumé ne résumait absolument pas le livre, et même le desservait), je n’ai pas feuilleté les pages pour en extraire quelques lignes au hasard du vent créé par mes doigts agiles, je n’ai pas lu la première page pour qu’elle me livre l’essence du roman. Comme on pourrait se jeter sur un beau gosse plein de promesses de luxure, j’ai acheté ce livre animalement, c’est son physique qui m’a attiré. Ouhhh ! Voilà un achat bien superficiel ! Certes mais quelle heureuse décision !
Rose fait tourner son imagination au départ de sa mère (Rose aussi), elle virevolte entre fantasme et réalité, entre imagination enfantine et grandiloquence adulte, entre mensonge et vérité.
Parce que Rose mange parfois ses lapins et s’en délecte (« ne croyez pas que cela me rendît triste. Ca me permettait de rester pour toujours avec eux »), parce qu’elle est paranoïaque, un peu schizophrène et qu’elle est soignée dans un institut, parce qu’elle ressemble à une enfant de sept ans, elle est attachante. Les pensées de cette petite héroïne sont truculentes. Parce que son imaginaire est surdéveloppé, parce qu’elle est futée, son récit est allégorique et spirituel. Rose écoute le sable fabriquer les dunes et se brûle à la lumière de la vérité et grandit.
Et moi, je quitte Rose avec une once de regret, comme on quitte une amie avec qui on aurait bien cheminé encore quelques kilomètres… Alors merci et bonne fête Rose !
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