Si l’on accepte le postulat selon lequel la publicité est le reflet sociologique de notre époque, force est de constater qu’il y a encore un sacré boulot à faire sur l’égalité sexuelle. Quoi ? Que prend-il donc à La Vilaine d’ordinaire si peu encline à jouer les chiennes de garde et qui serait même aisément accusée de misogynie si elle n’était une femme ?
C’est vrai, lecteur assidu, que je n’avais jusqu’alors jamais poussé le moindre gémissement complaisant envers mon sexe, que je n’ai pas la moindre fibre révolutionnaire-égalitaire étant avouons-le sans pommettes rougir, d’un tempérament plutôt masculin sur le relationnel et la vie de couple, et étant largement plus agacée qu’un homme sur les comportements « prise de tête » de mes consoeurs de sexe. Mais voilà, j’ai beau penser ce que je pense haut et fort (non, je ne m’en cache pas, ce qui me vaut une grande part d’incompréhension face aux potentielles copines), ne pas avoir le fantasme de la robe blanche et rire des belles diatribes romantiques qu’un pauvre bougre tenterait sur ma petite personne, j’ai malgré tout deux petits yeux perçants et un cervelet qui tournicote parfois en roue libre…
J’ai toujours eu une certaine passion pour la publicité, guettant en trépignant « culture pub » dans ma jeunesse (les plus déductifs d’entre vous auront là un précieux indice sur mon âge qui commence à avancer) et partageant largement le postulat indiqué en préambule. Bref, je ne zappe pas sur mon temps de cerveau libre, je regarde médusée ou agacée les réclames et parfois je m’étrangle comme W. Bush avec un bretzel, que, estomaquée que je suis par une révélation soudaine que même Bernadette Soubirous m’envierait, j’ai aspiré dans une aspiration effarée au lieu de mâcher comme il se devrait…
Voilà donc quelques semaines que je scrute mon écran, voulant m’assurer de la véracité du constat effectué. Si j’en crois la publicité, seules les femmes nettoient la cuvette des toilettes. Je vous imagine déjà repassant incrédules dans votre tête tous les spots récemment avalés, mais je vous jure, j’ai bien vérifié, point de Monsieur dans les pubs canard WC…
Bien sûr, il y a du mieux si l’on compare à une dizaine d’années, on voit à présent des hommes s’occuper de la lessive et de la cuisine dans lesdites pubs, cela dit toujours pour vanter la facilité d’usage du produit (à votre place Messieurs, j’en serais quelque peu vexée) mais pour les cabinets d’aisance, point de testostérone, jamais !
Alors, je me suis mise à farfouiller encore plus avant chaque campagne et ai constaté toute bée, que selon les mêmes agences, seules les femmes sont stressées… Si, si là encore, regardez bien, les euphytoses et autres merveilles naturelles contre la crise de nerfs n’emploient que des femmes pour promouvoir leurs bienfaits…
Donc si j’en crois la publicité seules les femmes gratouillent les virgules des cuvettes et sont sous tension, doit-on y voir là un rapport de cause à effet ?
Je souhaitais réagir à cet article …
Car, à l’inverse, pourquoi parle t-on toujours de maman quand il s’agit de s’occuper d’enfants ? J’ai été papa au foyer pendant 6 ans et je n’ai jamais vu de pub de bébé qui s’adresse aux papa, ou simplement aux « parents » ! 🙂
Quelques exemples de l’étroitesse d’esprit de ces publicitaires :
http://pereaufoyer.over-blog.org/pages/LES_CARTONS_ROUGES_des_PAFs_ET_PAF-496641.html
@+. 😉
Ca va dans le sens de ce que je voulais démontrer, y’a encore du boulot sur l’évolution des moeurs !
Oui, et à mon avis, ce n’est pas prêt de changer … 😦
La publicité n’est que le véhicule des stéréotypes présents dans la pensée de nos concitoyens, qu’ils soient hommes ou femmes d’ailleurs….Pour avoir vécu en couple et en colocation (bien sûr il ne résulte pas de mon expérience un échantillon représentatif de la population masculine française…) j’ai pu constater que le nettoyage des toilettes n’est pas un pas un acte reflexe chez les hommes, loin de là! S’il en est ainsi dans la majorité des ménages francais, il n’est pas étonnant que la publicité vante les produits de nettoyage sanitaire plus spécifiquement aux femmes, puisque ce sont elles qui les utilisent. Simple comme réponse, mais logique!
La question suivante qui me vient à l’esprit est bien sûr: Le nettoyage des latrines serait il un signe de l’asservissement des femmes aux taches « dégradantes » de la maisonnée? Dans ma petite vie, il n’en est rien: j’accepte sans problème de nettoyer les toilettes tant qu’il y a quelqu’un pour jeter les poubelles car je DETESTE les poubelles, c’est sale, ca coule, ca sent mauvais, c’est plein de mouches etc…. Echange de bon procédés, j’accepte de le faire.
La notion de choix est essentielle, et pour cela il faut être libre de savoir, de pouvoir dire non « mon coeur, c’est à toi de nettoyer la salle de bain – ou toute autre tache ménagère-« . Parce que malheureusement je constate que beaucoup de femmes acceptent sans contrepartie, sans bénéfice (meme pas celui de la reconnaissance), bref sans le choisir de faire des choses dont elles n’ont pas envie, simplement car elles pensent « que c’est à elles de le faire », de par leur culture, leur éducation. Quelles conséquences? Le sentiment d’un certain sacrifice en temps et en energie, d’un manque de reconnaissance (si on fait des efforts sans contrepartie, on va au moins chercher à ce qu’ils soient reconnus)….bref une source de conflits pour le couple, ou tout du moins un manque d’harmonie. Pour moi peu importe qui fait quoi, que les schémas traditionnels soient suivis ou détournés, tant que chacun est libre de choisir et de s’exprimer….libre de vivre sa vie à sa manière, et non à la manière du plus grand nombre.
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