Une cuillerée de sucre glace

© La Vilaine

Les flocons tombent sans discontinuer dans une danse hypnotisante de poudre magique, masquant à la vue des villageois le paysage montagneux.

Les animaux se collent les uns contre les autres, échangeant leur chaleur. Les cheminées fument, diffusant dans les rues glacées, une accueillante odeur boisée.

Les hurlements joyeux des enfants dévalant la pente sur leur petite luge-pelle colorée sont autant de petites cuillerées de liesse que rien ne semble pouvoir contrarier. Les joues rosies par le froid, les moufles trempées par les boules de neige, ils se laissent glisser, se bousculent, chutent sans jamais pleurer, car la neige a enveloppé leurs habituelles querelles de son manteau d’indulgence, autorisant tous les débordements sous l’œil bienveillant de maman.

La vie semble s’être suspendue au fil de la météo, il ne viendrait pas même à l’esprit de quiconque de tenter de lutter contre les monticules de poudreuse accumulés devant les portes, chacun est heureusement résigné, il convient juste de s’enfoncer en riant à gorge déployée, d’oublier un temps sa voiture afin de profiter de cette nature transfigurée.

Et de la régularité de ces flocons découle la sensation que cela va durer, pour combien de jours ? Personne ne le sait et personne ne semble s’en préoccuper.

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4 réflexions au sujet de « Une cuillerée de sucre glace »

  1. Toujours d’aussi belles pensées, dans ces paysages froids, mais d’une telle beauté. On est partagé entre le fait d’aller « luger » ou rester près d’un feu de cheminée….Continue ton chemin est tracé.

  2. Le blog de la Vilaine, fin février 2011:

    « Les flocons tombent sans discontinuer dans une danse hypnotisante de poudre magique depuis maintenant 3 mois presque sans interruption.
    Hier on a fini le bois pour la cheminée, impossible de se réapprovisionner. Alors on est passé aux vieux numéros de Télérama… Tant pis pour les mots croisés… Mais ça brûle vite et on en voit déjà la fin… Après, c’est le tout électrique: ça va encore coûter bonbon.
    Les voisins ont fini le dernier stère il y a déjà longtemps, ils sont passés au charbon, diffusant dans les rues glacées une acre odeur de haut fourneau Est-Allemand.
    Et les mioches qui, comme l’école a fermé, continuent inlassablement de dévaler chaque jour le talus juste devant la maison en braillant à tue-tête du matin au soir.
    Quand à la voiture, elle est effectivement oubliée, vu que le chasse-neige à pratiquement muré la sortie de garage par un Himalaya de neige sale transformée en ciment par le gel nocturne.
    Et de la régularité de ces flocons découle la sensation que cela va encore durer, pour combien de jours ? Personne ne le sait mais tout le monde rêve du printemps. »

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