Ce n’est pas la première fois que j’explore les livres audio. Lorsque je menais encore une vie parisienne, je ne pouvais envisager mon heure et demi de trajet pour me rendre au bureau sans lire, sans quoi, j’avais l’impression de perdre un temps précieux (même si l’observation des voyageurs m’a bien souvent offert une inspiration non négligeable pour les billets de mon blog).
Les jours de grève, alors que collée contre la vitre du train, écrasée par la foule des voyageurs, il n’était même pas envisageable de parvenir à sortir un bras pour replacer une mèche de cheveux venue chatouiller mon nez, j’étais privée de lecture et bien frustrée par cette privation. Jusqu’au jour où, ayant offert des livres audio à ma grand-mère dont la vue baissait, l’idée m’est venue d’en déposer sur mon lecteur mp3 et c’est ainsi que j’ai commencé à «lire en écoutant», et à m’offrir une bulle de détente, bien isolée des grognements des usagers coléreux.
C’est pourquoi, lorsque les agents-littéraires.fr m’ont proposé «la cité de verre» en livre audio, j’ai immédiatement accepté. Ce premier volet de la Trilogie New-Yorkaise de Paul Auster est un texte perturbant, qui explore l’acquis, l’inné, les troubles psychologiques liés à l’éducation et nous apprend beaucoup sur les expériences qui ont pu être menées sur des enfants pour façonner leur cerveau. C’est, bien évidemment, toute cette partie qui m’a le plus intéressée et interpellée. Pour le reste, c’est du Paul Auster et ceux qui l’aiment y retrouveront tout son art.
Concernant le format en lui-même, j’avoue avoir été un peu déçue. Si la qualité d’enregistrement est parfaite, le narrateur n’est que trop peu investi à mon goût, le ton est assez monocorde et les césures inappropriées. On ne peut lui ôter le fait qu’il s’applique, que sa voix est agréable, que la diction est impeccable et qu’il n’y a pas, à un seul moment, un mot qui puisse être incompris. Cependant on aimerait l’entendre «se charger» davantage (comme on dit au théâtre), changer de rythme, d’intonations selon qu’il lit un passage de pure narration ou des dialogues, selon les personnages à qui il prête sa voix. On souhaiterait qu’il «joue» vraiment, aussi bien au sens théâtral du terme qu’au sens émotionnel : qu’il s’amuse !
C’est donc une expérience mitigée pour ce livre-ci, mais je reste convaincue par le bonheur de lecture que peut procurer un livre audio, par l’atmosphère toute particulière dans laquelle il peut nous plonger, nous couper du monde pour quelques heures. Et pour peu que la voix soit belle, le comédien investi, on replonge dans ce moment de grâce, où, enfant, on se laissait bercer par la voix du conteur qui nous invitait au repos.
Je recommande donc chaleureusement à celui qui n’a jamais chaussé des écouteurs pour «entendre» un livre, de tenter cette expérience relaxante.
(Par ailleurs, votre Vilaine cherche actuellement à mettre ses nouvelles sous ce format, je ne manquerai pas de vous tenir informés dès que cela sera fait, et suis prête à étudier toutes vos propositions ou suggestions sur ce sujet).
Les audiobooks… Je pense que je ne pourrais plus m’en passer: n’étant jamais assis au même endroit plus de 10 minutes d’affilé, la lecture classique m’est devenu difficile… Par contre, un livre audio pour une longue balade avec le chien dans l’Esterel, c’est idéal!
J’imagine que tu y as déjà pensé, mais il y a plusieurs sites qui proposent des enregistrements bénévoles de livres non protégés par des droits d’auteur (et donc légaux). Certains de ces bénévoles font un travail remarquable. Si tu en trouves un dont le travail d’enregistrement te plait, tu peut peut-être le contacter pour voir s’il est intéressé par lire tes nouvelles?
Merci,Madame la Vilaine, en ce milieu d’été venteux et pluvieux, de nous rappeler Paul Auster. Chez lui, la pluie et le vent ne sont jamais très loin. Merci également pour votre visite. Venant de vous, j’en suis ému car je me plais chez vous.
Sous la pluie froide de Munich, après mon douzième verre de bière, je regarde la ville s’activer comme une machine sans maître. De la techno de bas étage leur sert de couverture pour lutter contre le froid, et au moment de siffler le tenancier pour régler ma note avec l’argent du contribuable, son visage fatigué me dit qu’il aimerait entendre une voix douce et suave lui conter vos belles histoires. Régalez nos oreilles avec vos mots, nous n’avons qu’un peu de temps sur cette planète hostile, autant s’enivrer avec de belles paroles.
Touchée…