Comme sous l’effet d’une drogue, le théâtre électrise, brûle l’esprit, gonfle les veines, revigore et épuise. On donne, on reçoit, on sort de soi, soudainement forcé à briser la bulle de protection que l’on a soigneusement forgée, patiemment étirée du plat de la main, la joue effleurant chaque millimètre carré à la recherche du petit souffle signalant un souci d’étanchéité. La mise à nu d’abord difficile, devient besoin quand on s’aperçoit s’être fourvoyé, que si le risque d’être blessé existe, il est aussi réel que la chance d’être touché par la grâce d’un moment, parce que pour recevoir pleinement, il faut abandonner totalement.
Comme sous l’effet d’une drogue, l’un tourne trop vite, l’autre bat trop fort, et l’on se demande du cerveau ou du coeur, lequel de battre va s’arrêter le premier. Et l’on se prend à aimer trembler, perdre le contrôle, on caresse les chaînes de cette addiction, on souhaite qu’elles nous enserrent à nous en étouffer, on se love dans son rôle, objet de notre égoïste attention.
Comme sous l’effet d’une drogue, l’arrêt est brutal et violent, le sevrage douloureux, le manque d’avance effrayant. Parce que l’on s’est senti à sa place et vivant, à l’endroit exact où l’on devait depuis toujours être, tout à coup recentré. Parce que l’on a partagé, pris, donné, ri, pleuré, parce qu’en quelques semaines on a tant appris sur les autres et sur soi, que des certitudes ont volé en éclats, que l’on a reçu des choses que l’on n’attendait pas. Et puis on relève la tête, on accepte, on décide d’en revenir pour n’en plus conserver que de doux souvenirs, et l’on ferme la parenthèse.
Belle description du monde merveilleux du théâtre. On ressent tous cette sensation après plusieurs représentations d’affilée.
Merci Gounjou, vu nos échanges de mercredi, je me doutais que ce billet te parlerait aussi.
Le réveil sonne … je suis au pied d’un arbre … dans l’obscurité … je me lève …je marche sur un Lego qui traîne … le vide commence à se remplir … déjà ?!
« Déjà ? » J’ignore si c’est volontaire, mais il y a aussi un peu de ça… On se surprend à chérir ce vide, comme les petites miettes restées sur la table, celle du gâteau que l’on n’a pas assez savouré.
Entre parenthèses quelle forme ! Vue de la salle si perchée tout en haut de la scène ou par l’écrit tu es une artiste grande par le talent et par la force de ses rêves ! Pour tout cela MERCI !
« Piteboilouille » ne changent rien à l’affaire : … fermez la parenthèse …
Merci Jacques, je suis touchée.
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