Je ne suis pas une grande amoureuse du ménage mais il faut le faire, je m’y plie donc de bonne grâce et m’attaque aux taches tenaces et rangements divers, panossage (oui, ici, on dit panosser, n’en déplaisent à mes amis parisiens, je suis parfaitement intégrée et use du patois avec doigté) et pliage des vêtements d’hiver, toutes ces besognes m’ayant été attribuées par un tirage au sort auquel je ne me souviens pourtant pas avoir jamais participé. Pour faire court, bon gré mal gré, et puisque j’y suis obligée (depuis que j’ai compris que non, Mary Poppins ne viendrait jamais faire mon lit), j’y mets de l’entrain et passe l’aspirateur sur de rythmés refrains.
Mais parmi toutes les corvées chronophages du quotidien, il y en a quelques unes qui me réjouissent au plus haut point. Oui, je m’apprête à vous livrer par le truchement de ce billet, une petite passion inavouable, un plaisir parfaitement démesuré, voire même deux (j’hésite un peu), et ce, en toute conscience…
Offrez-moi un meuble Ikéa et vous me comblerez de joie. Pas particulièrement pour le design du mobilier sans âme, j’aurais plutôt un certain amour pour l’objet qui sent le vécut (et la poussière, mais sur ce sujet, vous m’avez déjà lue), non, non, c’est pour le côté en kit… Le montage d’un Kinder Surprise obèse provoque en moi des soupirs d’aise. Je pourrais passer mes journées dans des positions aussi improbables qu’inconfortables, affalée sur le carrelage du salon, à jouer de la clé Allen, à me contorsionner jusqu’au chignon, à visser à en perdre haleine… Et si par hasard il manque une pièce, je ne grogne pas, je ne suis plus que liesse face à ce petit ennui qui vient heureusement compliquer le défi. Je suis assez lucide pour que, tout en taquinant le tournevis, je prenne pleine conscience de mon vice, et me moque de ma sur-réaction pleine d’effusions.
Car non, lecteur, il ne s’agit pas uniquement de « bien aimer » les monter, mais bien d’un véritable plaisir à la limite du délire… Tant et si bien, que l’année dernière, loin des bijoux et autres fanfreluches de femmes de goût, j’ai réclamé pour fêter mon anniversaire, une perceuse-visseuse-dévisseuse-rêveuse, à la lumière toute nucléaire, pour m’enfoncer dans ma passion vicieuse et tenter de gravir quelques échelons de la bricoleuse à hyper-réaction…
Et de me demander, si, au lieu d’un travail requérant l’entière participation de mon cervelet, je n’aurais pas plutôt mieux fait, de m’orienter vers quelque métier nécessitant la dextérité de mains tannées.
Ta dextérité palmaire ne fait aucun doute, tu manies la langue avec autant de doigté que ton patois, ton clavier nous le montre,bien que pas assez souvent à mon goût, mais entre les kinders, légos, et autres mécanos, tes prolongations articulées doivent êtres occupées. Ne les abime pas et laisse les courir parfois sur ton clavier.
Mon cher Pascal, voilà un bien joli compliment que je prends avec tout le bonheur qu’il mérite… Réjouis-toi, en ce moment mes doigts ont la logorrhée, deux autres billets attendent sagement à leur tour d’être publiés ( ils ont pris leur ticket) et j’ai rarement autant écrit sur ce blog que ce mois-ci ! Une telle hyperactivité ne durera pas, du moins, je ne pense pas, alors profite !
J’aime beaucoup la couleur ambiguë de ton texte… Mais tu ne donnes qu’un secret sur 2 non ?
J’ai choisi de le faire en deux parties, la seconde attend sagement son heure dans l’antre de mon ordinateur (il faut savoir ménager ses lecteurs, deux confessions coup sur coup, ce serait beaucoup).
Quelle maniaque de la rime, tout de même, Madame La Vilaine.
Tu crois qu’il faut consulter ?
Je pensais que le théâtre faisait déjà office de thérapeute. Me serais-je trompée ?
Non, non, mais comme t’avais l’air de te faire du mouron…
Au contraire, en voyant les rimes, je me suis dit que tu consultais au bon endroit.
Ouais, et puis sinon, on peut être une femme de goût ET surkiffer les perceuse-dévisseuse-visseuse-rêveuse.
Et comment !
Il est bien connu des Artisans,Sculpteurs,Peintres,Pianistes,Soudeurs et Oeuvriers en tous genres(pianoteurs de claviers également) que c’est avec la dextre que l’on ouvre le plus facilement les portes de l’inspiration.Foi de soudeur-tuyauteur en retraite,j’en ai plus appris sur les hommes et le monde en triturant la matière au feu,le regard fixé au cœur de la fusion ,que BHL et Finkelkraut réunis dans leurs vies de Fils aux oeufs. 🙂
Bricole,La Vilaine,bricole, tes plaisirs inavouables me réjouissent l’âme.
Oeuvriers… Ça me laisse toute songeuse, quel bien joli mot Monsieur Tonton Singe… Et quelle joie de vous voir ici. Merci.
Un membre de ma famille me susurre que ça blogorime, ça clavirtuose et ça callisaillie..mais que le ménage n’a pas avancé d’un mouton ni l’évier d’une assiette, vache de vache!
Le sycophante en question m’étant, à 10 kg près, très proche.. je ne peux que le croire sur parole quand il me dit que sa part a bien été abattue après un effort soutenu de plusieurs tours de d’horloge.. Va Vilaine, cours, vole, since… si possible en tenue légère que son oeil un peu se rince..
Sachez Monsieur que non seulement ça blogorime, mais que ça virtuocuisine, retranscrit et facture, tout en même temps… Je sais… C’est beau comme un jour de pluie sans nuage.
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