Je vis une relation passionnelle et destructrice, une relation épisodique, je suis une femme de marin, maîtresse d’un amant inconstant, une amoureuse délaissée, qui, sans la moindre fierté oublie comme elle fut maltraitée et ouvre sa couche toute grande dès que son bien-aimé gigolo revient en bredouillant quelques mots.
Mon geôlier se nomme Morphée, il s’en va durant des semaines, des mois, me laissant guetter son retour désemparée, la cerne accentuée, le supplier, insensible à mes armes de séduction massives, mes rituels de pensées positives, pour l’attirer contre mon oreiller.
Et puis, soudain, sans crier gare, il apparaît sous forme de coup de barre. De retour au bercail, il se fait caressant, étouffant, trop présent, m’enserre du matin au soir, se niche contre mon dos, accroche ses phalanges à mes yeux, emprisonne mes lèvres de ses baisers fougueux. D’un revers de sa main, il fait valser toutes mes activités, me retient captive toute la journée, me force à m’allonger, m’empêche de me lever.
Mon amant est inconstant, cyclothymique et un peu sadique, mais je me soumets à sa volonté, sans résister, je dévore ce qu’il veut bien de me donner, renonce à lutter. J’économise, je mets de côté, petite pile de sommeil pour les nuits de disette, celles où je m’hyperactive pour compenser et oublier son absence.
Mon amour contrarié s’appelle Morphée, il est capricieux et infidèle, et sans la moindre volonté, je le suis dès qu’il m’appelle.
Quel vilain garçon, ce Morphée. Je comprends mieux où il se trouve maintenant, vu qu’il s’est barré de chez moi il y a quelques jours. Il est venu te revoir. En fait, c’est un amant qu’on partage.
T’inquiète, il ne reste jamais bien longtemps ici, il devrait vite te revenir.
Fichtre, la vache et autre panel d’exclamations à dithyrambique vocation : un trouble en bi-polarité des attributs du sommeil ?
Là franchement, de vous douce endormie à vous douce amie, permettez-moi ce petit mais solide présent du verbe compatir. Par toutatis je compatis ! Dormez, dormez, dormez très chère, et offrez-nous de rêver ! Rassérénés pensant à tous les beaux mots que bientôt, tout bientôt ici vous nous écrirez…
« un trouble en bi-polarité des attributs du sommeil ? » Alors, là, j’adore l’idée et m’en veux presque de ne pas y avoir pensé ! Rassurez-vous, je me laisse dormir, ne sachant pas combien de temps je vais pouvoir en jouir…
T’as pas dû bien respecter la posologie !!!
Profites … tant que ça dure.
Justement ! Je soupçonne que le tout ait été coupé avec un puissant poison issu de la bave de la mouche Tsé-Tsé…
Tu sous-estimes les vertus de ma marchandise garantie 100 % pure et naturelle.
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