
rouge-queue ©LaVilaine
Aujourd’hui j’étais seule toute la journée. Pour la première fois depuis longtemps, parfaitement seule. J’avais en tête tout un tas de choses pour profiter de cette belle journée, j’y pensais depuis plusieurs jours : écrire, lire, marcher.
Je n’en ai rien fait.
Tout juste quelques pas dans le jardin où j’ai regardé le sol et pensé : « On ne s’allonge jamais sur le sol. On s’allonge dans l’herbe, on s’allonge sur des coussins, dans une chaise longue mais on ne s’allonge jamais dehors, sur le sol nu, pourquoi ? ».
Alors je me suis allongée sur le sol, il était dur et chaud.
Depuis le sol, j’ai contemplé le soleil (ou plutôt le ciel, sans quoi ma rétine aurait brûlé) et le vent dans les arbres, surtout dans l’immense saule pleureur dont les branches dansaient en tous sens comme la chevelure épaisse et longue d’une femme.
Depuis le sol, j’ai écouté les oiseaux, surtout le rouge-queue qui s’agitait pas bien loin de mon oreille gauche, rassuré sans nul doute par mon immobilité.
Depuis le sol, j’ai vu que le pécher, que j’avais refusé de laisser abattre l’an dernier alors qu’il semblait souffrir d’une maladie incurable, portait des tas de petites pêches, pas plus grandes que des noix.
Mon roman n’a pas avancé d’une ligne parce que je n’ai rien fait. Rien d’autre que de rester sur le sol, là, si bien…
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