
j’irai au paradis…
Parmi tous vos retours chaleureux sur mon roman et mon recueil de nouvelles, il en est un qui m’a particulièrement amusée. Et si la bienséance alliée à la retenue dont je parviens (parfois) à faire preuve quand j’oublie les recommandations de Gilda à Mildred (tu n’as pas encore fini « Les fleurs roses du papier peint » ? tu comprendras quand ce sera fait), j’aurais sans doute osé une réponse plus osée…
Le lecteur dont je vais te parler, je l’ai convaincu de m’acheter un soir de concert. Joueuse (et particulièrement joyeuse ce soir-là), j’ai conversé avec lui comme l’un de ces démarcheurs qui viennent sonner à ta porte et tentent de te vendre des encyclopédies volumineuses qui ne rentrent pas dans ton petit chez toi. Il m’a prévenue… Il m’a dit qu’il ne lisait que très peu… Mais j’ai poursuivi le jeu et il a fini par m’emmener toute dédicacée, en me promettant un retour sincère et rapide.
Il a aimé, c’est déjà ça de fait. Mais il est resté sur sa faim (et sa fin aussi, à en croire ses écrits). Voici donc, en substance, ce qu’il m’a dit (et j’espère qu’il ne me tiendra pas rigueur de rapporter ici ce qui m’a tant amusée, qu’il y verra un clin d’oeil à un retour plus qu’original) : il a aimé, donc, mais a regretté le format trop court qui n’a pas manqué de lui évoquer une « éjaculation précoce » (si, si, c’est bien ce qu’il m’a écrit) et m’a enjoint à pousser ma propre jouissance plus loin (si, si, ça aussi, il l’a écrit, il ignorait qu’un roman était sorti).
Je lui ai donc rapidement exposé (j’étais loin de chez moi, là-bas, je ne pouvais donc trop développer) que c’était le principe des nouvelles et plus encore des nouvelles à chute.
Mais je vais te conter, à toi lecteur fidèle et rien qu’à toi, ce que la décence m’a interdit de répondre alors même que ça me démangeait, alors même que c’est la toute première chose qui m’est venue à l’esprit (et que ça s’alignait parfaitement dans le sens de sa métaphore) : j’ai brûlé de lui expliquer que l’intensité d’un coup vite fait pouvait s’avérer largement supérieure à certains longs coïts où l’on en vient à lister mentalement ses courses histoire de ne pas perdre son temps.
Mais, tu l’as compris, ami perspicace, je n’en ai rien fait de peur que ma boutade soit mal interprétée, je me suis donc contentée de le remercier parce que toi comme lui prenez de votre temps pour me donner vos impressions, quelle qu’en soit la formulation cavalière ou non, et ça, c’est tellement précieux…