Effraction

Lecture par effraction

Oui, je sais lecteur, je t’ai quelque peu abandonné à ton quotidien, au froid, à la neige et au verglas (j’espère que tu ne t’es rien foulé tandis que moi-même je ne me foulais pas) mais de ce manquement, si tu es d’accord, on en parlera ailleurs et plus tard.

Aujourd’hui je veux te causer de mon roman (« Encore ! » te dis-tu avec cet air renfrogné mais indulgent de l’enfant qui écoute sa grand-mère radoter, bah oui, « encore » mais tu vas voir, c’est intéressant). Les fleurs roses du papier peint font l’objet d’une étude de lecture par effraction dans une classe suisse.

Alors, oui, là, je vois bien, tu te dis : « Mais kessessé kessa la lecture par effraction ? » et tu as raison. Prenons une petite inspiration, déjà, que MON livre soit étudié dans une école, c’est fou, c’est épatant (terme vieilli, j’en conviens), c’est survoltant.

Mais la lecture par effraction, ça me propulse dans les nuages.

J’en ignorais tout jusqu’il y a quelques jours, jusqu’à ce que cette institutrice inspirée et inspirante me contacte pour m’expliquer son projet et obtenir mon accord. Car, dans lecture par effraction, tu es malin, tu as lu, il y a le mot « effraction » et il n’est pas là pour rien, elle souhaitait donc mon aval et je le lui ai offert avec, en sus, ma participation.

Le but est de donner le goût de la lecture aux élèves (tu avoueras que c’est fort à propos vu le sujet de mon roman) en procédant de façon ludique, comme pour la résolution d’une énigme. Pour démarrer, les élèves ignorent tout du livre, ils n’ont même pas accès à la quatrième de couverture, seul le titre leur est donné comme une minuscule pièce du puzzle. De là, ils doivent imaginer, tenter de deviner, enquêter, partager ce que ledit titre leur évoque et, conséquemment, l’histoire que le livre peut renfermer. C’est ce qu’ils viennent d’effectuer, regarde donc la photo d’illustration pour découvrir ce à quoi ils ont pensé, il y en a quelques uns qui ne sont pas bien loin…

Puis, toujours sans avoir accès au livre, des séquences du roman leur sont données, pas forcément dans l’ordre, pas forcément dans une logique de récit. Là encore, à chaque pièce de puzzle étudiée, ils doivent imaginer, chercher, deviner, réfléchir, s’interroger sur ce qu’il s’est passé ou ce qu’il va se passer.

Enfin, pour la dernière étape, l’enseignant leur fournit enfin le bouquin dans son entièreté. Autant te dire, lecteur, que comme expliqué par la radieuse institutrice, c’est pour eux un véritable os à ronger puisqu’ils verront s’ils ont eu raison ou se sont trompés, s’ils sont de bons enquêteurs ou non.

Et c’est là que le projet (déjà fort enthousiasmant) prend une belle envolée pour moi. Ces petits lecteurs de 12 ans, à l’issue de leur découverte, je m’en vais les rencontrer, ils vont m’interroger (un petit FaceTime récent nous a déjà permis de prendre contact et je te prie d’imaginer qu’une classe te saluant à grand renfort de « Bonjour Maaaaadaaaame ! » c’est impressionnant) et nous allons enregistrer une émission de radio ensemble, un podcast, toujours dans le cadre de ce programme visant à ramener les jeunes vers la lecture…

Je n’étais déjà que joie de lire les commentaires postés sur mon roman puisque, parmi eux, quelques uns ont écrit que je leur avais redonné le goût des livres, c’était l’un de mes buts premiers et je le voyais atteint pour certains. Alors autant te dire (ou t’écrire, c’est plus juste) que ce projet scolaire fait sens et que la lecture par effraction est pour moi une découverte délicieuse que j’aimerais voir appliquée partout tant il me semble que cette approche est largement meilleure que celle pratiquée dans nos collèges et lycées… À promouvoir donc !

 

8 réflexions au sujet de « Effraction »

  1. Il me vient l’idée d’offrir ton livre aux professeurs de mes enfants pour leurs étrennes plutôt que les traditionnels chocolats ou autres gourmandises périgordines…

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