
je n’ai pas la télé
24h, il m’aura fallu 24h pour avoir la nausée, pour saturer.
Comme à chaque « grand événement » mondial, qu’il soit triste ou heureux (même si soyons francs et convenons-en, il y a rarement autant d’engouement dans le comm’ et le partage pour les heureux événements), j’ai eu la sensation de voir, sous mes yeux, mon fil d’actualité se muer en BFMTV.
Et je n’ai pas la télé.
24h pour que l’info, répétée en boucle, sous tous les angles, tous les supports (vidéo, photos, tableaux, livres, citations) commentée par les uns, les théoriciens, les polémistes, les analystes auto-proclamés, finisse par imploser pour que sa substance même disparaisse et ne laisse place dans ma tête qu’à un brouhaha ineffable, des acouphènes, des parasites. Et puis, la saturation jusqu’à la nausée.
De l’info en continu, du (F)BFMTV.
Et je n’ai pas la télé.
Alors, comme à chaque « grand événement » mondial, qu’il soit triste ou heureux , j’ai filtré, coupé, court-circuité, arrêté de lire et de regarder.
Ne te trompe pas, lecteur, j’ai été, comme d’autres et comme à chaque « grand événement » mondial, qu’il soit triste ou heureux, profondément touchée. C’est un lieu que je connais bien, où j’allais souvent, que j’aimais vraiment et à propos duquel j’ai tant lu, autour duquel j’ai tant vécu.
Mais je n’allume pas BFMTV, d’ailleurs, je n’ai pas la télé.
Parce que je ne peux avaler de l’info matraquée, de la réaction dacryphilique et instantanée en continu, en mode BFMTV, t’ai-je dit que je n’ai pas la télé ? Parce que ma « coulpe » est vite pleine et qu’à chaque « grand événement » mondial, qu’il soit triste ou heureux, l’info est déjà si énorme qu’elle se suffit à elle-même, à tout le moins dans un premier temps. Parce qu’entre deux, j’ai besoin de digérer, penser, distancier ce que je ne peux, de mes bras menus, changer. Sans quoi je perds la lumière que j’ai eu tant de peine à préserver.
Alors, comme à chaque « grand événement » mondial, qu’il soit triste ou heureux, je préfère le silence.