Ce qu’il nous reste

Les fenêtres se refermentNous devisions tranquillement, après une marche enfin retrouvée mais sans le contact. C’était quelques jours post confinement, un peu après tout de même, le temps de reprendre ses marques, de s’habituer à nouveau à sociabiliser, à sociabiliser pas tout à fait comme avant…

Nous devisions en nous interrogeant sur pourquoi, elle comme moi, nous vivions si mal le déconfinement. Comme moi, elle avait bien vécu le confinement, comme moi, elle ignorait pourquoi elle se sentait plus empêchée, plus coincée depuis qu’elle avait la possibilité de bouger.

Nous devisions et puis, comme souvent dans ces échanges à cœur ouvert, à force d’échanger en liberté, sans tricher, sans dissimuler, l’évidence est venue nous frapper : il ne nous reste que les contraintes et les corvées.

Oh, je sais lecteur content d’avoir enfin quitté ton appartement, que tu ne comprends pas forcément comment il est possible de déclarer sans rougir que c’était mieux pendant le confinement même si tu sais que pour certains (pour moi, notamment) cette parenthèse étrange a pu faire du bien.

Pendant le confinement, il y avait le silence et la tranquillité, le calme et la lenteur retrouvée. Cette lenteur contrainte qui, finalement, offrait une liberté, la liberté de laisser couler les jours exactement comme il nous plaisait de le faire. Bien sûr qu’il y avait une organisation à gérer, l’école, la maisonnée, occuper tout ce temps auquel nous n’étions plus habitués, s’acquitter des corvées, apprendre à travailler autrement, s’angoisser pour celui ou celle qui ne peut plus travailler.

Mais le temps était étiré comme jamais et la liberté était bien là, celle de gérer ses journées sans montre regarder, sans courir, sans ce timing parfait qu’il faut maîtriser afin d’être ici à faire cela à cette heure précise, cette heure-là.

Et puis, le feu vert est donné et le boulot reprend, l’école reprend, la vie reprend diront même certains insolents.

Si tu regardes bien, lecteur au planning chargé, tout reprend sauf ce qui nous faisait du bien. Tout reprend sauf les activités qui nous donnaient les ailes et l’air pour les déployer, danser, aller à un concert et danser, se serrer les uns contre les autres et danser, se perdre dans un musée, s’amignoter dans l’obscurité d’un ciné.

Non, à la sortie du confinement, il ne nous reste que les obligations, les contraintes et les corvées, et tellement peu, si peu de ces envolées qui ouvrent la porte de l’insouciance, de l’oubli, du n’importe quoi, du grain de folie.

Et ce qui les compensait s’arrête, les initiatives de voisinage cessent, les fenêtres se referment et les balcons se vident, on échange un bonjour rapide, aussi pressé que nos pas, à peine de temps pour un « ça va ? ».

Le post confinement n’a pas été un soulagement, je vais même te dire, si j’ai parfaitement réussi mon confinement, j’ai totalement merdé sa sortie. Bien sûr, lentement les portes s’ouvrent sur ces possibles bouffées, lentement… on attend.

2 réflexions au sujet de « Ce qu’il nous reste »

  1. Merci Audrey pour ces mots posés, là où je ne savais expliquer cette sensation bizarre de décalage dans cette « euphorie » d’une forme de libération (ou laissée entendre comme telle) … je fais donc partie du club de ceux qui ont « merdé » le dé-confinement…. ainsi soit-il …

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