Je suis l’heureuse propriétaire d’une plante qui n’existe pas.

Pour être précise, je suis l’heureuse propriétaire d’une plante qui n’existe pas telle qu’elle est là, chez moi.
Je suis l’heureuse propriétaire d’une Kalenchoë, plante grasse à ne pas trop arroser, qui m’a été offerte dans sa forme originelle et fleurie, lançant ses tiges dans une parfaite verticalité, ponctuant d’un rose charmant le vert brillant de son feuillage luisant.
Cette petite plante a cessé, un jour, de fleurir. Cette plante a menacé de se déraciner violemment sans qu’aucun soin, aucun traitement ne semble suffisant.
Et puis, cette Kalenchoë m’a suivie avec mes rares affaires lorsque j’ai changé de vie. Bringuebalée d’un garage à un sol non meublé, elle et son pot ont trouvé une place en haut d’une de mes bibliothèques, en attendant Godot.
Et discrètement, ma petite plante grasse s’est mise à pousser comme sa race ne lui permet pas, à savoir vers le bas, dans une cascade de verdure, jusqu’à atteindre les étages inférieurs et recouvrir une partie de mes livres d’une profusion de verdure. Plus aucune fleur mais des lianes brillantes et coulantes tournant leurs pointes vers le ciel, regimbant à baisser les branches.
Un jour, un ami botaniste est passé et s’est alors émerveillé de cette plante qui s’est curieusement transformée. Déclamant le nom scientifique de ma petite plante devenue prolifique, il a exclamé son incrédulité. Cette plante-là ne saurait pousser comme ça, dans cette forme-ci, elle n’existe pas ! Il a posé son diagnostic implacable : elle avait dû être en grande souffrance pour, ainsi, se transformer. Devant la rareté de ma plante grasse et inexistante, à la vie tenace, il m’a quelque peu jalousée…
J’ai alors décidé de bouturer, reproduire, tenter de voir si, telle qu’elle est, elle pourrait offrir la pérennité de sa nouvelle espèce (et un échantillon pour l’ami effaré).
Je suis l’heureuse propriétaire d’une plante qui n’existe pas, une plante qui a muté, une plante que la souffrance a transformé en une magnificence et, les boutures ayant abouti, je suis l’heureuse gardienne de la beauté symbolique de cette petite plante et de sa descendance : il convient parfois d’éprouver la souffrance pour permettre une vraie transcendance.
C’est drôle j’ai aussi une mutation de kalanchoé qui retombe, mais bien plus petite que la tienne. Petites boutures d’une plante oubliée chez ma mère, et en souffrance aussi donc. Je viens de mettre mon pot dans la bibliothèque du coup, si ça se trouve c’est ça le truc pour la faire pousser. Merci ! 🙂
Oh merci à toi ! Tu me tiendras au courant ?
Je te fais une photo demain, et je te tiens au courant, d’accord ! 🙂
Génial !
Je l’ai mise au rayon BD pour l’instant.

Si ça ne lui plaît pas je la déplace. Là elle est très fournie car je l’avais mise dehors pour l’été. Elle a besoin d’une douche d’ailleurs. .
Extra !