
Je me suis levée tôt malgré le dimanche et son invite à se prélasser.
Je me suis levée dès potron-minet, un peu speed, un peu agitée, parce que le sommeil m’avait laissée contre mon gré, contre ma fatigue et mon envie de traîner.
J’ai enchaîné les menues actions sans même y penser, dans la nuit qui s’attardait,
Je me suis levée tôt malgré le dimanche et son invite à flemmarder. Je me suis débattue et j’ai ouvert les volets pour prendre mon café, sans même y songer.
Et c’est là que j’ai entendu le silence. Un silence aussi rare qu’épais.
Un silence qui m’a stoppée, posée, assise, calmée, un silence qui a marqué un coup d’arrêt dans ma tornade d’activités.
Même le vent, délirant la veille et toute la nuit durant, était muselé ; même les merles matinaux étaient en proie à l’oisiveté.
Un silence si rare et épais que, par manque d’habitude, mes oreilles se sont bouchées.
Alors j’ai voulu goûter ce silence, j’ai voulu y plonger, j’ai voulu m’y fondre, y pénétrer, y plonger, comme un curiste plonge dans une eau chaude, tête d’espoirs de guérisons en premier.
Je me suis enroulée dans ma chaude couverture en alpaga, j’ai ouvert la baie vitrée, zafu sous le bras. Je me suis assise sur la terrasse verglacée, sous les drapeaux népalais, à leur exacte jonction avec la fleur à vent. J’ai fermé les yeux et cessé tout mouvement.
Noyée volontaire dans la mer du silence, j’ai laissé le froid mordre mon visage en toute inconscience.
Statue glacée dans une antre de douces pensées, j’ai savouré mon intimité avec le ciel encore étoilé et j’ai chargé dans mon corps, dans mon cœur et mon âme, toute l’immensité de la nature intacte et calme.
Je me suis levée tôt malgré le dimanche et son invite à flâner.
Je me suis levée tôt malgré le dimanche et les corps sous les draps, les êtres ensommeillés encore si occupés à rêver…
Et dans le silence aussi rare qu’épais, moi, j’ai rêvé éveillée.