Lorsque l’on aime les livres, la lecture et tout ce qui touche à la littérature et à l’écrit, flâner dans une librairie est un plaisir aussi nourrissant que celui de visiter un musée.
Lorsque je travaillais à Paris, il ne se passait pas une semaine sans que je rende visite à celui que je considérais comme MON libraire, mon conseiller, mon dealer et je le quittais riche de nos échanges et pauvre du porte-monnaie (je t’en ai parlé dans cet article ci, c’est par pile que j’achète mes livres).
Dès la seconde visite, se souvenant parfaitement de ce que je lui avais pris la fois précédente, il avait été en mesure de me fourrer dans les bras (en haut de la pile, donc) tel roman qui devrait forcément me plaire ; tel autre pour lequel il ne savait pas mais ayant lui-même adoré, il fallait absolument que j’y jette un oeil ; ou encore cet autre, parce que l’auteur/autrice n’était pas, à son goût, reconnu(e) à sa juste valeur et qu’il se faisait un devoir de réparer cette erreur.
Il attendait toujours mon retour chargé de mes retours sur ce qu’il m’avait fait découvrir et c’est avec le sourire satisfait de celui qui vient de gagner un pari qu’il m’écoutait le remercier pour ces merveilles.
Or, depuis que j’ai quitté Paris (« Paris tu paries que je te quitte ? »), dans mon petit village en haut d’une colline perdue entre deux chaînes de montagnes, les librairies alentours sont assez rares et plus rares encore sont celles que je peux atteindre en vélo.
Aujourd’hui, bravant l’ère glacière (et ayant pris soin d’ajouter une polaire sous mon manteau), j’ai dévalé la colline à vélo (mon secret jeunesse, ça vous congèle la ride avant ses prémisses) pour offrir à mon cerveau en manque un peu de cette nourriture intellectuelle galvanisante et remotivante qui fait cruellement défaut (avoue que les occasions se font rares en ces temps et je commence à tourner à l’envers à force d’échanger avec mon chat et mes plantes vertes, mais ça, ça sera l’objet d’un autre billet).
L’opération « remontage de moral des chaussettes » fut un cuisant échec.
Lorsque l’on aime les livres, la lecture et tout ce qui touche à l’écrit, entrer dans une échoppe où ni les « coups de coeur du libraire » apposés sur les livres, ni les conseils prodigués, ni les échanges existent (à peine un bonjour du bout du masque) ; entrer dans une boutique où les vendeuses n’ont lu aucun des ouvrages à leur disposition (j’ai posé des questions, demandé des idées, des recommandations) est d’une absolue tristesse.
Le lieu est agréable, les livres y sont nombreux, bien installés, bien disposés, mais il pourrait s’agir là de chaussettes comme de n’importe quel autre produit de consommation. Ce qui différencie le libraire du vendeur de livres, du vendeur de papier c’est, comme pour tout métier où le partage et la connaissance sont les clés, l’amour de ce que l’on y offre, la passion de ce que l’on fait.
Ça donne envie de racheter la librairie, d’avoir les moyens de le faire et de la racheter, d’y mettre tout ce qu’il y manque, d’y mettre la passion et le coeur.
Alors, quoi que tu fasses, lecteur suspendu à cette période suspendue, mets-y ton coeur, surtout en ce moment où les petits riens transforment les chaussettes trop basses en couverture pleine de chaleur.
La librairie pour te ravir serait, à n’en pas douter, la Librairie Atmosphère, rue Saint Léger 1, à Genève. Tout est résumé dans le nom. 🙂
Merci pour l’adresse. J’ai découvert aussi de très jolies librairies avec des libraires dedans sur Annecy. Je trouve ça juste affreusement regrettable que la seule librairie à proximité soit si décevante, faire 1h00/1h30 de voiture aller-retour alors que j’en ai une à 5 minutes en vélo (en descente, pour la remontée, compter un peu plus 😀 ) est agaçant et, pour tout te dire, tenir une librairie sans avoir la passion des livres me dépasse totalement