
La faim
J’ai entrepris de vider le contenu de mon frigidaire et de mes placards dans mon estomac…
J’ai englouti tout à trac du salé et du sucré, du frais comme du surgelé, sans ordre ni logique…
J’ai cessé de compter le nombre de petits pains au lait passé le neuvième dans lequel j’avais ajouté un peu (beaucoup) de crème.
J’ai descendu dans le même temps jus de fruits et vin blanc pour faire glisser, bière et tequila, un peu de tout et pas mal de n’importe quoi…
Rien ne semblait pouvoir me rassasier.
J’ai entrepris de vider le contenu de mon frigidaire et de mes placards dans mon estomac… Et quand je dis « placards », je ne me suis pas arrêtée à l’alimentaire : je me suis attaquée à la bibliothèque, j’ai dévoré Vian et Cohen, recraché, un peu dégoutée, un Beigbeder qui trainait là sans que je sache pourquoi, avalé tout rond deux Ovaldé et, cerise sur le pudding, ingurgité un Faulkner pour détendre mes nerfs.
J’étais toujours affamée.
J’ai cuisiné la chaîne hi-fi avec 250 ml de Ben Harper, 125 gr de Camille, 50 ml de Sting, une pincée de Traviata, j’ai servi le tout bien chaud fissa, et j’ai plongé les doigts directement dans le plat (ayant également avalé les assiettes et toute trace de dinette, je n’avais pas tellement le choix).
Et comme mon voisin passait par là et qu’il me regardait avec gourmandise, je l’ai invité à se joindre à moi… 2 heures à 180°C, il n’a pas longtemps résisté.
Faim…