Et se laisser dormir

J’ai décidé de dormir, malgré le soleil, malgré les heures qui raccourcissent, j’ai décidé de dormir.

J’ai choisi de déposer mon corps dans le canapé, de le laisser s’enfoncer et de n’en sortir qu’une fois qu’il serait reposé, les pensées triées, le cerveau rangé-nettoyé, le chemin décidé pour ne plus avoir à y revenir.

J’ai décidé de dormir puis, d’ouvrir les yeux et de regarder le soleil parcourir, heure après heure, les murs blancs de mon appartement avec cette lumière particulière aux débuts d’hiver, illuminant tantôt la bibliothèque réconfortante, tantôt le fauteuil élimé, tantôt mes idées et mes idéaux, jusqu’à ce que ce soit les phares des voitures qui dansent sur mes murs.

J’ai décidé de ne rien faire, j’ai laissé la sculpture que je voulais finir, laissé l’évier se remplir et j’ai observé le chat se toiletter, le chien se pelotonner, mes pieds s’abandonner à la moelleuse pesanteur de la langueur.

J’ai préféré dormir à marcher-courir, des heures à rien qui, lentement et doucereusement, sont devenues des heures à plein, sorte de reset nécessaire, de nettoyage des fichiers inutilisés, des programmes infectés, pour mieux redémarrer.

Et je me suis relevée, lumière entre les mains, plus prête que jamais à la laisser me guider et à la partager.

Aujourd’hui

Au présent

Il y a chez moi cette sensation d’urgence, peut-être liée à mon passé, mon expérience de la vie, à mon âge et, dans le fond, on s’en fout de ce qui nourrit cette sensation d’urgence, le fait est que c’est un faix. Elle est là, elle fait que je veux profiter de chaque instant et que chaque instant qui ne peut se vivre est un instant volé, raté, comme un train que l’on a vu s’éloigner sans bouger depuis le quai, billet dans la main, billet pour lequel on n’a pas jugé utile de prendre l’assurance annulation, parce que ça alourdissait le coût du voyage, parce que l’on était sûr de ne pas le rater, parce que… ça aussi, au fond, on s’en fout.

C’est cette urgence à vivre, à profiter, qui fait que je suis contrariée chaque fois que je ne peux passer du temps avec ceux que j’aime, chaque fois que mon « voyage » est annulé, reporté, retardé. Je n’ai pas, comme certains, dans l’esprit un « on a toute la vie » ou quelque autre « bientôt ».

J’ai beau être d’un naturel joyeux (si, si), optimiste, j’ai beau avoir foi en l’univers et en la vie, j’ai beau avoir rationnellement conscience que si ça ne se fait pas, il y a une bonne raison, je sais aussi que je ne sais pas ce qu’il y aura demain, où l’on sera, si rien ne nous arrivera alors chaque fois que quelque chose ne se fait pas, j’ai la sensation que c’est « un de moins » sur une sorte d’échelle de temps qui s’en va.

Je veux profiter de chaque occasion donnée aujourd’hui, j’en profiterai demain si elles sont là aussi. Mais, tu le sais, lecteur (surtout toi, je sais que tu passeras par là et me liras) pour moi, demain n’existe pas, il n’y a qu’aujourd’hui.

Et aujourd’hui dans nos vies pleines d’obligations, de rendez-vous à la con, nous avons peu de temps de qualité ensemble, de temps à s’amignoter, de temps à partager. Chaque moment de bonheur, de joie, je veux donc le prendre avec ce qu’il a de précieux, je veux l’arracher aux imprévus, en bloquer l’agenda, en fixer l’existence, l’inscrire dans le tout de suite, parce que demain ne sera peut-être pas.

Faulkner écrivait : « Tout est présent, comprends-tu ? Aujourd’hui ne finira que demain et hier a commencé il y a dix mille ans »

Je vis aujourd’hui, je suis aujourd’hui.

 

 

 

Allers et retours

Je te vois…

Hier soir, j’ai reçu le merveilleux commentaire de Pascale sur mon article précédent. Tu l’as peut-être lu, lecteur, ou peut-être pas. Au-delà de l’opinion qu’elle livre sur mes écrits et qui me remplit le coeur (comme à chaque fois que je lis tes commentaires, lecteur, j’en suis retournée et émue), elle s’est interrogée sur la frustration possible de ne pas avoir de retour sur mes billets.

Alors, je veux la rassurer, et peut-être en rassurer d’autres : comme elle l’a dit, « on ne fait pas ça pour ça« , pour moi, écrire est un besoin avant tout, écrire me fait du bien, écrire est comme me nourrir. J’écris ici et ailleurs, chaque jour, sur différents supports, certains de ces écrits restent et resteront à jamais dans le duo intime que je forme avec mon ordinateur, d’autres sont des lettres, des mots (toujours trop longs sans doute) glissés-donnés à ceux à qui ils sont destinés, d’autres enfin alimentent un long document qui prendra, tôt ou tard, la forme de mon prochain roman. Il est donc vrai que je n’écris pas, en priorité du moins, « pour ça » mais ce serait mentir que de ne pas te dire que je le fais aussi « pour ça ».

Parce que je t’écris, comme elle le dit très justement, et je sais que tu me lis. La magie d’Internet m’offre une vigie : je sais combien viennent me lire chaque jour (et vous êtes souvent proches de la cinquantaine les jours de nouveaux billets), je sais ce qui est lu, je sais si tu cliques sur ce lien ci ou celui-là. En somme, même sans retour palpable, je sais que tu me visites, de façon quasi fantomatique, je vois ton ombre sous forme de graphique et, au-delà des statistiques, je sens ta présence derrière ton écran, à l’instant même où je pianote sur les touches, là, en écrivant ce billet, je te sens derrière ton écran, c’est bien à TOI que j’écris.

Parce que ce qui m’anime, t’anime peut-être parfois, parce que ce qui me fait rire, te fait peut-être rire comme moi. Parce que la vie, pour moi, c’est du partage et que les livres, les lettres, les mots, en sont un des plus beaux.

Alors je profite du si joli commentaire de Pascale pour te remercier, lecteur attentionné, de ta présence sans cesse renouvelée (et grandissante), pour tes « j’aime », tes partages de publication, tes commentaires et même l’absence de tes commentaires, je te remercie pour les graphiques que tu animes en courbes et qui ne lassent de m’étonner, je te remercie aussi (pour les plus fidèles et anciens lecteurs) pour le soutien que tu as porté à mes livres et espère que tu seras récompensé par le prochain.

Merci.

Remerciements

Lecture publique au Tréseaur

Jeudi soir, certains d’entre vous sont venus écouter des extraits de mes nouvelles merveilleusement accompagnées par Cello Man François dans un restaurant plus que charmant, un endroit qui ouvre les ailes même lorsqu’elles sont un peu fripées.

J’ai été incroyablement touchée par l’accueil qui a été le vôtre, par la qualité de votre écoute, par vos « Oh ! », vos « Ah ! » et vos « Non ! » qui ponctuaient la fin des extraits. C’est vous, c’est ça, qui efface les doutes et aide à continuer la route bien solitaire de celui ou celle qui, derrière son ordi, écrit.

Grâce à vous, j’ai avancé plus vite ces derniers jours. Grâce à vous, la discipline qui consiste à écrire chaque jour, ne fut-ce qu’un paragraphe pour ne jamais laisser l’ouvrage de côté plus d’une journée est plus légère. Je dors peu mais c’est tant mieux car je nourris mon roman qui grossit, qui grossit…

Si celles et ceux qui ont acheté mon recueil jeudi soir (et ont vidé le stock !) ont aimé ce qu’ils ont lu autant qu’ils ont semblé aimer les extraits, sachez que je serais ravie de lire ici, dans les commentaires, leurs retours sans détours et échanger avec eux.

Même si j’ai déjà eu l’occasion de vous remercier ailleurs, je tenais à le refaire ici et plus particulièrement remercier François pour son invitation, Philippe pour son lieu chaleureux et vous tous pour le coup de pouce. Merci.

Perturbations créatives

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Perturbations

« Tu tiens la moitié d’un roman époustouflant », cette phrase tourne en boucle dans ma tête depuis qu’hier soir en rentrant d’une petite fête, j’ai lu le retour d’un ami fidèle sur ma dernière nouvelle.

« Tu tiens la moitié d’un roman époustouflant » m’a tenue éveillée une grande partie de la nuit.

« Tu tiens la moitié d’un roman époustouflant » produit le même effet que, lorsqu’enfant, un adulte met votre dessin sur le frigo. Il a mis mon dessin sur son frigo.

« Tu tiens la moitié d’un roman époustouflant », c’est perturbant… Perturbant parce qu’incroyablement puissant à recevoir, flatteur et exhausteur de confiance en soi mais également perturbant parce que je pensais avoir achevé mon récit, qu’il était entre les mains de quelques maisons d’éditions (poussé par d’autres retours qui m’avaient pris déjà prise de court tant ils étaient encourageants) et de l’inestimable Eric Poindron, essayant de faire son petit bout de chemin dans son format un peu bâtard entre la grosse nouvelle et le tout petit roman…

Vais-je relever le défi lancé par mon ami ? Un défi qu’il m’adresse en supplique… Vais-je remettre l’ouvrage sur le métier, m’y replonger tête baissée, abandonner pour quelques temps Albert, nouveau personnage d’un nouvel univers, pour me retourner sur ma petite héroïne et la nourrir pour la faire grossir ?  En suis-je seulement capable ? L’écho est là aussi parce que cela résoudrait dans le même temps cette histoire de format. En ce dimanche matin, il n’y a rien de certain à part peut-être l’extraordinaire inspiration et l’incroyable motivation provoquées par le mail que cet ami m’a envoyé.

 

Je commence par la fin

Grande nouvelle ou petit roman

Grande nouvelle ou petit roman

J’ai bénéficié d’un joli temps, un temps entre parenthèses, plus calme professionnellement. Quelques jours pour avancer à pas de géant sur ma grosse nouvelle, mon petit roman.

Je sens que le moment arrive, celui qui me rapproche peu à peu de la fin de l’histoire, une fin que je connais déjà depuis longtemps puisque c’est elle qui a motivé les premières lignes. Je commence par la fin… dans ma tête uniquement.

Alors, même si je connais la fin et que le plus gros de la tâche consiste à en créer le début, à l’entremêler à un doux milieu qui conduise plaisamment vers elle, je sens mon coeur qui palpite plus intensément à chaque mot tapé dans un mélange indéfinissable de légère peur, d’excitation, de nostalgie et autres bizarreries.

Je commence par la fin… dans ma tête uniquement et à mesure qu’elle approche je m’interroge sur une autre fin, celle à laquelle est destiné cet écrit : s’il emportera l’enthousiasme des lecteurs, celle d’un éditeur, ou si je tenterai de concrétiser un projet fraîchement germé dont l’originalité risque de déstabiliser mais de m’offrir l’opportunité de monter dans un ascenseur émotionnel encore inexploré (et aussi d’en tomber).

Je commence par la fin… dans ma tête uniquement et en attendant de vous la livrer, je vous remercie à nouveau pour la motivation que vous me donnez lorsque, chaque jour, je constate que vous commandez les nouvelles déjà publiées

 

 

Quand le diable sortit de la salle de bain

quand le diable sortit de la salle de bain - Sophie DivryCeci est sans doute le livre le plus délirant qu’il m’ait été donné de lire. Un roman digressif, interruptif (comme le revendique l’auteure Sophie Divry), inventif, au vocabulaire riche, truffé de néologismes savoureux et de calligrammes hilarants…

Ce roman un peu fou parvient malgré tout à avoir queue et tête, et même une colonne vertébrale (contorsionniste mais solide) juste et touchante.

Chose rare, je n’ai pas envie de vous en faire le résumé. Non pas qu’il soit impossible à faire (je vous l’ai dit, la colonne vertébrale est bien là, soutenant fermement le délire de la forme) mais parce que je veux vous laisser découvrir ce livre étonnant et que, moi-même, je l’ai reçu via ma bonne fée et l’ai ouvert sans en rien connaître et sans avoir pris la peine de regarder le résumé.

Alors, faites-moi confiance, laissez-moi être votre bonne fée : secouez vos habitudes de lecture, ouvrez votre esprit à l’aventure littéraire et découvrez ce petit ovni, laissez-vous porter et étonner. Et, si toutefois vous me suivez, revenez ici me dire si vous avez aimé…