
encore un rayon
On a cru que c’était fini, on a fermé les fenêtres, on a sorti les pulls, on s’est blotti sous les plaids, on a senti ce froid qui reste à l’intérieur et que seule une douche brûlante parvient à apaiser.
On a cru que c’en était terminé alors on a bougé les meubles comme pour bouger l’humeur, comme pour hiberner, se préparer à cocooner, ça avait du sens de les changer de sens, ça avait du Vian, ça avait un air de jours qui s’écument.
On a cru que c’était achevé, il a même neigé, on a trouvé que ça piquait cette brutalité, tous nos sens en étaient paralysés.
Et puis, le tout s’est réchauffé, comme le regain des lits de mourants, l’été a tout redonné dans un sursaut de fierté.
Alors on se précipite pour profiter des derniers rayons, on prend d’assaut les plans d’eau, on bavasse en terrasse, on cherche à oublier que, bientôt, ce sera vraiment terminé.
Comme une soudaine fugue, comme on retient le temps, on prend tout ce qui peut l’être et qui peut nous ramener à la liesse de l’été.
Alors on s’accroche comme des désespérés, comme si une saison pouvait nous sauver, comme si seul un été pouvait nous remplir, nous donner, nous libérer.
On a cru que c’était fini, que c’en était terminé, on a cru que c’était achevé, qu’on l’avait rêvé.
Mais tout s’est réchauffé et tant qu’il y est, ce n’est pas totalement terminé, tant qu’il y a été, on n’a pas rêvé, c’est que l’on y a été…