
Dans les écoles, on devrait apprendre le silence, on devrait apprendre à se taire quand un événement nous dépasse, à prendre le temps de la digestion, de la compréhension.
Dans les écoles, on devrait apprendre le silence. À chaque fois qu’un événement trop violent ou trop grand nous secoue, nous chavire, j’abhorre les réseaux sociaux auxquels d’ordinaire je prête nombre de qualités, certes triées, mais qualités tout de même.
À chaque événement qui nous ébranle, je me retire quelques jours tant j’ai besoin de ce silence, tant je ne supporte pas les commentaires, tribunes, analyses immédiats de ce monde immédiat qui se sent forcé d’y poster son mot, là, tout de suite, dans la minute, dans l’heure, un immédiat de palabres, une cacophonie d’harangues, à celui qui sera le premier, le plus pertinent, le plus convaincant, le plus touchant, le plus émouvant, dans une joute d’égo pour certains, avec une belle sincérité pour d’autres.
Dans les écoles, on devrait apprendre le silence et l’écoute. L’écoute de ceux qui sont les premiers touchés, de ceux qui sont en première ligne, de ceux dont le savoir permet un discours mesuré, sensé, documenté. Vient ensuite le temps de s’exprimer, de choisir des mesures sans effet d’annonces, d’annoncer sans enrober d’effets, de se forger une opinion, un avis, une fois que l’on possède un minimum de clés.
À chaque événement qui nous explose le quotidien, à chaque histoire trop noire, je regarde avec reconnaissance et admiration ceux qui n’ont de cesse de partager rires et créativité, qui conservent leurs pieds bien ancrés, brillants soleils sur une vie traversée d’orages, refusant que l’immédiateté des informations fasse d’eux des otages.
Dans les écoles on devrait apprendre le silence et le rire, la distanciation, le recul et, surtout, que s’il y a un temps pour dire, il n’y en a pas pour aimer, c’est toujours le temps d’aimer, tout le temps, en tous temps.