Bonne année ! Et la santé surtout, la santé…

Comme tous les ans, voilà que reviennent les traditionnels voeux de fin et début d’année, et voilà La Vilaine bien embarrassée par de tels épanchements bien absents de sa compréhension.

Photo La Vilaine

Aussi loin que je me souvienne, les fêtes de fin d’année, et en particulier celle du nouvel an, a toujours déclenché en moi scepticisme et petite déprime. Enfant, au moment même où l’on s’agitait soixante secondes avant l’heure attendue, une irrépressible envie de me pelotonner sous un meuble, n’importe lequel pourvu que je disparaisse en me fondant dans le sol, me saisissait sans crier gare. Les baisers échangés avec une fougue alcoolisée, les cris, les sautillements de joie, étaient autant d’agressions pour mon petit esprit un peu singulier et m’arrachaient des larmes inexpliquées.

Il me semble que la première fois que j’ai pris conscience de l’absurdité de ces voeux, et que conséquemment j’ai rejeté tout de go cette liesse, c’est lorsqu’après avoir réveillonné et souhaité comme l’on dit « tout le bonheur du monde », j’ai découvert le lendemain matin que la guerre Iran Irak n’avait pas disparu dans la nuit. J’étais obsédée par ce conflit, me réveillant même la nuit du haut de mes quatre ou cinq ans, parce que le grondement de l’orage me laissait penser dans un demi sommeil que la Défense Sacrée était à nos portes.

Si aujourd’hui, et c’est heureux, les voeux de bonne année ne me tirent plus de sanglots étouffés, je goûte toujours aussi peu cette drôle de mascarade, et suis toujours aussi éberluée de lire, voir, entendre, mon entourage proche ou éloigné, s’inquiéter ou se réjouir du départ pris par la nouvelle année. « Ca commence mal », « j’espère que cette année sera meilleure que la précédente », sont autant de petites diatribes qui me laissent toute coite. Comme si soudain, tout allait changer.

Alors bien sûr, sachant parfois ne pas m’entêter, je présente mes voeux à ceux qui y attachent une véritable importance, réponds (mollement) à ceux qui me sont faits, ironise sur les phrases toutes faites « et la santé, surtout, la santé » en pouffant, mais reste dans un coin de ma tête la pensée que de 23h59 à 00h00 que pourrait-il bien se passer de si bouleversant que nos vies en seraient soudainement changées ? Que nenni, la même bouchée par jour dans la même tartine de merde dont parlait déjà mon arrière-grand mère. Le tout c’est d’apprécier à leur juste valeur les petits morceaux sucrés sur lesquels on tombe parfois et de savoir s’en délecter quelle qu’en soit la date, non ?

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