Difficile de faire plus intemporel et universel que ce minuscule ouvrage tant les flagorneries sont légion dans toutes les sphères de toutes les formes de pouvoir. L’Homme est en effet aussi prompt à flatter qu’à critiquer, et souvent use-t-il alternativement des deux à l’égard des mêmes personnes variant son discours selon son audience avec l’aisance d’un Burt Lancaster dans le final de Trapèze. Ce qui n’est pas, chose aisée « (…) De tous les arts, le plus difficile est celui de ramper (…) ».
Mais reprenons le fil de fer de nos idées. Le petit essai du Baron d’Holbach tient en 23 pages (et de toutes petites pages ), il serait donc périlleux d’en citer de nombreux passages sans déflorer tout le numéro, en conséquence, je ne ferai que lever un petit bout du rideau tout en vous exhortant à vous en remettre, les yeux bandés, à mon jugement positif sur ce petit moment récréatif offert par un essai écrit il y a plus de deux siècles et dont le propos saurait encore faire rougir nos contemporains génuflecteurs, à qui l’on ne cesse de penser en lisant ces pages cinglantes ! Et grande est la tentation de leur en envoyer un exemplaire…
« Quel art, quel empire sur soi-même ne suppose pas cette dissimulation profonde qui forme le premier caractère du vrai courtisan ! Il faut que sans cesse sous les dehors de l’amitié il sache endormir ses rivaux, montrer un visage ouvert, affectueux, à ceux qu’il déteste le plus, embrasser avec tendresse l’ennemi qu’il voudrait étouffer ; il faut enfin que les mensonges les plus impudents ne produisent aucune altération sur son visage ».
Le livre : Essai sur l’art de ramper à l’usage des courtisans, D’Holbach, Éditions ALLIA, 43 pages, 3 euros.