Tous les hommes sont d’un ennui mortel

C’est ainsi que Simone de Beauvoir aurait pu titrer son roman « Tous les hommes sont mortels ».

Ce livre traite du mythe classique de l’immortalité et d’un homme qui accepte ce cadeau empoisonné. En racontant son histoire à Régine, une comédienne à l’ego si démesuré qui lui est impossible de supporter l’idée même de dormir (car lorsqu’elle dort les gens ont l’outrecuidance de vivre sans elle), il lui démontre l’insignifiance de son existence et nous emmène à travers les siècles d’une histoire qui n’est qu’un recommencement perpétuel.

Et c’est par ce récit assez pessimiste que Simone de Beauvoir nous expose un constat implacable : tous les hommes sont d’un ennui mortel pour qui les regarde avec les yeux du passé. Qui sommes-nous en effet pour nous croire exceptionnels ? Celui qui se targue d’avoir un talent remarquable, sait-il qu’avant lui tant d’autres s’estimaient inoubliables ?  A celle qui rêve de gloire et emploie pour y parvenir toute son énergie, sait-elle que tôt ou tard elle sera emportée à son tour par l’oubli ?

Cet ouvrage soulève mille questions philosophiques, sociologiques, politiques même, et notamment il nous rappelle qu’à l’échelle de l’histoire et de l’univers, nous ne sommes rien que des petits moucherons qui volettent, que notre vie n’est pas plus précieuse, ni plus captivante que celle d’un autre, que notre pitoyable orgueil est pourtant sans fin et qu’il nous pousse à renouveler les mêmes erreurs, à l’infini.

Ce roman est beaucoup de choses et les chemins de réflexion qu’il provoque sont multiples, mais parmi tous les parfums que ses pages ont exhalés lorsque je l’ai refermé, c’est bien le souffle de la leçon d’humilité qui s’est attardé.

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