J’irai au paradis…

j’irai au paradis…

Parmi tous vos retours chaleureux sur mon roman et mon recueil de nouvelles, il en est un qui m’a particulièrement amusée. Et si la bienséance alliée à la retenue dont je parviens (parfois) à faire preuve quand j’oublie les recommandations de Gilda à Mildred (tu n’as pas encore fini « Les fleurs roses du papier peint » ? tu comprendras quand ce sera fait), j’aurais sans doute osé une réponse plus osée…

Le lecteur dont je vais te parler, je l’ai convaincu de m’acheter un soir de concert. Joueuse (et particulièrement joyeuse ce soir-là), j’ai conversé avec lui comme l’un de ces démarcheurs qui viennent sonner à ta porte et tentent de te vendre des encyclopédies volumineuses qui ne rentrent pas dans ton petit chez toi. Il m’a prévenue… Il m’a dit qu’il ne lisait que très peu… Mais j’ai poursuivi le jeu et il a fini par m’emmener toute dédicacée, en me promettant un retour sincère et rapide.

Il a aimé, c’est déjà ça de fait. Mais il est resté sur sa faim (et sa fin aussi, à en croire ses écrits). Voici donc, en substance, ce qu’il m’a dit (et j’espère qu’il ne me tiendra pas rigueur de rapporter ici ce qui m’a tant amusée, qu’il y verra un clin d’oeil à un retour plus qu’original) : il a aimé, donc, mais a regretté le format trop court qui n’a pas manqué de lui évoquer une « éjaculation précoce » (si, si, c’est bien ce qu’il m’a écrit) et m’a enjoint à pousser ma propre jouissance plus loin (si, si, ça aussi, il l’a écrit, il ignorait qu’un roman était sorti).

Je lui ai donc rapidement exposé (j’étais loin de chez moi, là-bas, je ne pouvais donc trop développer) que c’était le principe des nouvelles et plus encore des nouvelles à chute.

Mais je vais te conter, à toi lecteur fidèle et rien qu’à toi, ce que la décence m’a interdit de répondre alors même que ça me démangeait, alors même que c’est la toute première chose qui m’est venue à l’esprit (et que ça s’alignait parfaitement dans le sens de sa métaphore) : j’ai brûlé de lui expliquer que l’intensité d’un coup vite fait pouvait s’avérer largement supérieure à certains longs coïts où l’on en vient à lister mentalement ses courses histoire de ne pas perdre son temps.

Mais, tu l’as compris, ami perspicace, je n’en ai rien fait de peur que ma boutade soit mal interprétée, je me suis donc contentée de le remercier parce que toi comme lui prenez de votre temps pour me donner vos impressions, quelle qu’en soit la formulation cavalière ou non, et ça, c’est tellement précieux…

 

Tous nos petits morceaux – Emmanuelle Urien

Tous nos petits morceaux - Editions d'Un Noir Si Bleu

«Ce livre devrait vous plaire», m’avaient écrit les agents-littéraires.fr en introduction à leur nouvelle proposition. A la lecture du résumé, je ne pouvais qu’à mon tour le parier, même si, sans en lire quelques pages pour en goûter le style, il était difficile d’en être tout à fait sûre.

La première nouvelle de ce recueil sur la thématique des miroirs, nous plante le décor des suivantes : une collectionneuse, s’amourache de ces objets reflets de nos doutes, de nos rêves, de tous nos morceaux de vie, s’ensuit un dialogue entre chacun d’eux, des bribes d’histoires de leurs propriétaires qui seront développées dans les nouvelles suivantes, pour finir par un dernier prisme nous renvoyant au tout premier. Et le miroir se mire à son tour.

Si ces nouvelles traitent de l’image de soi et peuvent prêter à sourire (ou nous permettre une distanciation salutaire) sur ce que chacun reconnaîtra de sa propre relation parfois torturée avec son reflet, les glaces d’Emmanuelle Urien ne font pas que réfléchir la reproduction exacte ou non de celui qui s’y regarde, elles réfléchissent aussi les âmes, les noirceurs intérieures, les travers plus ou moins graves de l’humain. Elle alterne morbidité poétique et sensualité pudique, nous réchauffe ou nous angoisse, les métaphores sont nombreuses, transformant le miroir en témoin muet, en amant rougissant, en rival déterminé, en compagnon fidèle.

Emmanuelle Urien a une écriture légère mais étudiée, et j’ai très vite apprécié la petite musique qui se dégage de la construction de ses phrases. Armée de mon stylo, j’ai commencé, comme je le fais toujours, à souligner les passages que je souhaitais retenir et partager avec vous (puisqu’il m’est permis de vous livrer des extraits) et en achevant ma lecture, je me suis trouvée bien embarrassée : du rouge, sinon partout, du moins en de si nombreux endroits que j’ai eu bien du mal à faire mon choix ! Car l’auteur a le sens de la formule, tantôt humoristique, tantôt touchant au coeur, des petites phrases pleines de sens, qui sonnent comme de belles évidences.

De l’adolescente complexée à la femme vieillissante, de l’écrivain raté au nouveau-né, les destins s’impriment sur les vitres de cette galerie des glaces, et lorsque la buée est dissipée, restent dessinées, du bout du doigt, les traces de la complexité de notre humanité.

Extrait : «C’est très simple : un jour prochain ils seront là, exactement comme aujourd’hui, sauf qu’ils feront un peu moins attention, parce qu’ils croiront mieux se connaître et penseront le danger écarté. Et leurs doigts se toucheront, presque par accident. Ce jour-là, tu peux être certain que nous ne les reverrons plus. Ils bousculeront la table et partiront très vite, peut-être sans payer. Il leur sera impossible d’attendre, surtout ici, dans le brouhaha et l’odeur du mauvais anis.»

«Albert n’est pourtant pas homme à posséder un chien, il trouverait moyen d’en faire son maître.»

«Elle persiste à lutter contre ce corps qu’elle s’invente, contre une image qui n’est pas la sienne mais reste imprimée sur ses rétines, quel que soit le reflet qu’elle contemple.»

« Tous nos petits morceaux » d’Emmanuelle Urien – Éditions d’Un Noir si Bleu.

Critique à retrouver sur le site des agents-littéraires.fr : ici

Vilaine et heureuse !

Peu présente La Vilaine, sans doute que parmi vous quelques uns m’en tiennent rigueur, mais par le truchement de cet article inhabituel je viens me faire pardonner, en vous livrant l’une des raisons de ce manquement grave à mes obligations de blogueuse.

Et oui, la grande nouvelle ce sont, justement, des nouvelles, parues aux Éditions Léda…

Je caressais les nuages de rêves du bout des doigts, et, ne voulant pas vendre la peau de Nounours ni la flute de Nicolas, j’ai choisi de me taire tant que le recueil n’était pas finalisé.

Nous sommes trois auteures réunies par Léda sur cet ouvrage.

Ce blog, vos visites et vos commentaires m’ont encouragée à y croire et à soumettre au silence mes doutes et mes craintes pour, allégée, enfin envoyer mes manuscrits aux Editions Léda qui me pressaient de le faire.

Je ne peux donc que vous serrer chaleureusement bien que virtuellement dans mes petits bras de Vilaine pour vous remercier de votre fidélité et espérer que vous retrouverez ce que vous aimez de moi dans deux nouvelles : « Une phobie particulière » et « Quand je serai vieille ».

Un petit mot particulier pour Frédéric Fredj, Jacques Brévent et PJ Fiedler qui m’ont portée sur leurs épaules afin que de mes doigts je touche ces nuages… Un grand merci également aux Editions Léda, qui, à la lecture de mon blog étaient convaincues, et ce bien plus que moi, que je pouvais tenter pareille aventure.

Vous pouvez commander dès à présent ce livre via le site de l’éditeur : Editions Léda.

A lire :

  • la critique de Fee-tish, sur le site des agents-littéraires.fr : ici
  • la critique de Rosa, sur Rosa lit et Théo dort : ici

 

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