Prix de la Nouvelle Érotique 2022

Dans la nuit du 18 au 19 décembre, j’ai participé pour la troisième année consécutive au Prix de la Nouvelle Érotique, organisé par les Avocats du Diable. Pour mémoire, ce prix se déroule lors d’une nuit : un contexte et un mot final reçus juste avant minuit et jusqu’à huit heures le lendemain pour (tenter de) rendre copie (une nouvelle érotique inédite, de vingt mille mots max, pas de minimum requis). 

Une nuit excitante à plus d’un titre, une nuit épuisante sur laquelle tu peux, lecteur libidineux, retrouver de plus amples informations ici, ou encore et enfin ici aussi.

J’ai découvert qu’aucune ne se ressemble vraiment. La première n’était que curiosité et exaltation, point de trac, la naïveté d’une première fois où l’on ignore à peu près tout de la sauce à laquelle on sera avalée, le contentement d’être sélectionnée suffisait à mon bonheur sans plus d’attente que celle de relever le défi. 

La seconde, le stress était là toute la journée : je savais tout du déroulé, de la difficulté, de l’indispensable temps à maîtriser, de la gestion de l’effort quasi marathonien, du coup de barre qui frappe aux alentours de trois heures du matin.

Et pour cette troisième participation, ni stress ni véritable excitation. La joie de retrouver près de trois cents participants, dont certains avec qui j’avais tissé des liens, mais pour le reste, mon organisation personnelle étant bien plus complexe, mon esprit pris par d’autres chats, je n’ai pas eu le loisir de sentir la pression monter et si à l’inscription la motivation était là et bien là, le jour J, ce n’était pas ça… du tout… du tout. 

J’avais donc pris la décision d’attendre jusqu’à réception de la consigne et du mot final et, la journée qui s’annonçait le lendemain étant aussi chargée que celle qui se terminait, d’aller me coucher sans plus de regret si l’inspiration ne venait pas (je pouvais espérer, au mieux, une heure de sommeil si toutefois je rendais copie avant six heures). 

Et puis un ange gardien a soufflé à mon oreille à plusieurs reprises au fil des heures précédentes, suffisamment doucement et fermement pour me remettre dans le droit chemin, me rappeler comme j’aimais ce défi annuel et que c’eut été couillon de m’en laisser dévier par quelque contrariété. 

Le mail est tombé à 23H59, thème : « Avis de pas sage », mot final : « bâton ». Pour les deux premières participations, je m’étais préparée à ma nuit : temps de calme, repos, marche, bain chaud. Là, je n’ai pas eu une minute à moi, pas un espace libre pour poser mon esprit, me reposer, me détendre ou me défouler, alors j’ai tout fermé. Une bulle hermétique. Je n’ai pas flâné sur la page Facebook dédiée hormis pour souhaiter à tous une belle nuit de concours ; je n’ai pas mis de musique, excepté en tout début de nuitée pour me centrer quelques minutes en écoutant, deux fois, « Una Furtiva Lagrima » qui semblait appropriée à mon humeur ; pas ouvert mon téléphone, sauf pour mon ange gardien qui patientait solidairement pour me lancer ses encouragements sur la ligne de départ.

Et, étonnamment, ça a coulé plus aisément que je ne l’aurais pensé. J’ai mieux maîtrisé le temps et le dosage de caféine (l’année passée, le lendemain je vibrais comme un téléphone tout le dimanche et je crois même avoir pissé du café), j’ai mieux géré les pauses et le fameux coup de barre de trois heures du matin (celui qui te donne envie d’abandonner juste parce que dormir te paraît tellement plus nécessaire que ce que tu es, pauvre folle, en train de faire). 

J’ai achevé ma nuit aux alentours de 5h00 du matin, renvoyé mon écrit à 5h30 avec du doute plein la tête (j’ai découvert d’ailleurs cette fois que s’il te reste du temps, vient ce doute avant l’envoi : « Ne devrais-je pas continuer ? Reprendre ? Refaire ? Utiliser TOUT le temps imparti ? » alors que quand tu l’envoies sur le fil de l’aiguille, tu es juste soulagée que ton mail soit parti vers le bon destinataire), j’ai mille fois remercié l’ange gardien de m’avoir botté le cul et empêchée de laisser tomber pour cette année.

Un peu honteusement, j’ai filé sous la couette sans attendre ceux qui n’avaient pas encore fini pour tenter de dormir un tout petit peu avant que ne sonne le réveil (non sans les avoir salués et encouragés). 

J’ai somnolé une heure avec ce bonheur si particulier d’avoir gagné une bataille sur moi-même, d’avoir grandi en relevant ce défi malgré tout ce qui penchait, tout ce qui vacillait. Et ça, c’est le point commun de ces trois participations : c’est avant tout un défi de soi à soi.

En Octobre : écris !

et sache que la plume qui ressemble à un doigt d’honneur, je m’en sers pour écrire mes colères

Pour écrire, il faut du temps, un esprit clair, de la tranquillité, de l’air.

Il faut quitter ses quatre murs qui servent à tout : lieu de vie, de travail, lieu partagé parce que l’inspiration, ça s’aère. Et si l’écriture est solitaire, l’interaction est nécessaire.

Et tu as pu le constater, du moins ici, lecteur notifié, je n’ai pas franchement produit, ces derniers temps.

Bien sûr, il y a ma petite maison d’éditions associative et les ateliers merveilleux que j’ai pu organiser en juillet et en octobre. Mais, crois-le ou non, c’est du boulot, plaisant certes mais à organiser sérieusement. J’y mets mon coeur tout entier et je vois le bien que cela fait aux participants.

Bien sûr, il y a mes clients et leurs demandes de correction, mise en forme voire rédaction de manuscrits (oui, parfois, souvent, je me cache derrière d’autres gens) qui me permettent d’effleurer mon Ikigaï.

Pour autant, ce n’est, pour moi, toujours pas « écrire », ces six lettres que je transpire tant et tant que, lorsque l’on m’interroge sur mon prochain roman, lorsque l’on me demande si je suis en train d’écrire en ce moment, les larmes me viennent, ma parole se suspend.

J’ai besoin d’écrire comme de respirer, comme j’ai besoin de rire et de danser, si je n’écris pas, c’est comme si je n’étais plus tout à fait moi, je cesse de pétiller, je perds l’envie, je suis déracinée. Mais mon temps est grignoté et je n’en trouve plus assez.

Alors j’ai rempilé pour le PNE, j’ai à nouveau envoyé mon dossier qui a été accepté, rendez-vous pour une nuit blanche d’un samedi vers un dimanche.

Et puis, pour la première fois cette année, je participe au Writober challenge. Octobrécrit en français dans le texte. C’est un petit défi : un mot pour cinquante, chaque jour. Un mot imposé par jour sur lequel en produire cinquante, à illustrer ou mettre en scène et à poster sur les Réseaux Sociaux avec le hashtag correspondant. Ça semblait amusant mais, finalement, c’est un peu plus que ça.

Force est de constater que ça redonne de l’élan. Je n’étais pas sans savoir que, écrire, au-delà des indispensables temps, tranquillité, aération (et je ne vous parle pas de COVID, ouvrir les fenêtres n’est pas, ici, suffisant), c’est un peu comme l’appétit : ça vient en mangeant. Cet Octobrécrit, c’est un peu une petite bouchée de pain quotidien qui vous rouvre l’estomac tout en grand.

En ce huitième jour du défi, je m’aperçois que dès que je pose mon trente-cinq fillette sur le lino déjà devenu froid, mon cerveau compose les cinquante mots pour un, sans vraiment y penser. Doucereusement, cela devient une petite routine automatique du matin.

Alors oui, en octobre j’écris, je réhabitue mon esprit, je remets en branle ce qui a fui et je mettrai aussi sans doute ici, quelques-uns (tous ?) des textes que ce joli défi est venu chercher dans les tréfonds de mon esprit.