Roulements de tambour, trompettes et coupettes, À coeur pendu, mon recueil de poésie, est là et bien là après des mois de tergiversations, préparations, attente, illusions, désillusions et illumination (mon cerveau ne connaît guère la sobriété énergétique, et j’ai souvent des coups de chaud).
À coeur pendu, illustrations et poésie
L’idée était sans doute un poil ambitieuse que d’illustrer une partie de mes poèmes et de les réunir dans un recueil mais l’envie fut plus forte et, puisque j’ai réalisé un certain nombre de dessins et calligrammes pour le collectif Lorderey, ils étaient en partie existants (en affiches notamment, si tu es curieux et que tu cherches un cadeau de Noël original, tu peux aussi aller voir les impressions sus-citées).
À coeur pendu, érotisme et liberté
Tu le sais, lecteur en sueur, je participe depuis plusieurs années au Prix de la Nouvelle Érotique et je ne suis donc pas des plus réservées dans les écrits porteurs de fantasmes, de corps et de liberté. Alors non, cet ouvrage n’est pas adapté aux enfants (contrairement aux Fleurs roses du papier peint qui fut étudié en classe de CM1). Pour autant, hormis la dernière partie (Eros & Haïkus), il n’y a pas non plus de quoi s’offusquer.
À coeur pendu, c’est un recueil de poésie explorant le féminin, l’attachement et la dépendance affective jusque dans la chair et l’âme. C’est une ode à l’amour sous toutes ses formes mais également, en filigrane, au choix, à la libération même si cette dernière peut parfois prendre la forme d’une soumission.
Expo et dédicaces
Et comme un bonheur ne vient que rarement seul, entraînant un autre dans ses pas, j’ai la joie d’exposer deux fois en cette fin d’année :
Dans la nuit du 18 au 19 décembre, j’ai participé pour la troisième année consécutive au Prix de la Nouvelle Érotique, organisé par les Avocats du Diable. Pour mémoire, ce prix se déroule lors d’une nuit : un contexte et un mot final reçus juste avant minuit et jusqu’à huit heures le lendemain pour (tenter de) rendre copie (une nouvelle érotique inédite, de vingt mille mots max, pas de minimum requis).
Une nuit excitante à plus d’un titre, une nuit épuisante sur laquelle tu peux, lecteur libidineux, retrouver de plus amples informations ici, là ou encore là et enfin ici aussi.
J’ai découvert qu’aucune ne se ressemble vraiment. La première n’était que curiosité et exaltation, point de trac, la naïveté d’une première fois où l’on ignore à peu près tout de la sauce à laquelle on sera avalée, le contentement d’être sélectionnée suffisait à mon bonheur sans plus d’attente que celle de relever le défi.
La seconde, le stress était là toute la journée : je savais tout du déroulé, de la difficulté, de l’indispensable temps à maîtriser, de la gestion de l’effort quasi marathonien, du coup de barre qui frappe aux alentours de trois heures du matin.
Et pour cette troisième participation, ni stress ni véritable excitation. La joie de retrouver près de trois cents participants, dont certains avec qui j’avais tissé des liens, mais pour le reste, mon organisation personnelle étant bien plus complexe, mon esprit pris par d’autres chats, je n’ai pas eu le loisir de sentir la pression monter et si à l’inscription la motivation était là et bien là, le jour J, ce n’était pas ça… du tout… du tout.
J’avais donc pris la décision d’attendre jusqu’à réception de la consigne et du mot final et, la journée qui s’annonçait le lendemain étant aussi chargée que celle qui se terminait, d’aller me coucher sans plus de regret si l’inspiration ne venait pas (je pouvais espérer, au mieux, une heure de sommeil si toutefois je rendais copie avant six heures).
Et puis un ange gardien a soufflé à mon oreille à plusieurs reprises au fil des heures précédentes, suffisamment doucement et fermement pour me remettre dans le droit chemin, me rappeler comme j’aimais ce défi annuel et que c’eut été couillon de m’en laisser dévier par quelque contrariété.
Le mail est tombé à 23H59, thème : « Avis de pas sage », mot final : « bâton ». Pour les deux premières participations, je m’étais préparée à ma nuit : temps de calme, repos, marche, bain chaud. Là, je n’ai pas eu une minute à moi, pas un espace libre pour poser mon esprit, me reposer, me détendre ou me défouler, alors j’ai tout fermé. Une bulle hermétique. Je n’ai pas flâné sur la page Facebook dédiée hormis pour souhaiter à tous une belle nuit de concours ; je n’ai pas mis de musique, excepté en tout début de nuitée pour me centrer quelques minutes en écoutant, deux fois, « Una Furtiva Lagrima » qui semblait appropriée à mon humeur ; pas ouvert mon téléphone, sauf pour mon ange gardien qui patientait solidairement pour me lancer ses encouragements sur la ligne de départ.
Et, étonnamment, ça a coulé plus aisément que je ne l’aurais pensé. J’ai mieux maîtrisé le temps et le dosage de caféine (l’année passée, le lendemain je vibrais comme un téléphone tout le dimanche et je crois même avoir pissé du café), j’ai mieux géré les pauses et le fameux coup de barre de trois heures du matin (celui qui te donne envie d’abandonner juste parce que dormir te paraît tellement plus nécessaire que ce que tu es, pauvre folle, en train de faire).
J’ai achevé ma nuit aux alentours de 5h00 du matin, renvoyé mon écrit à 5h30 avec du doute plein la tête (j’ai découvert d’ailleurs cette fois que s’il te reste du temps, vient ce doute avant l’envoi : « Ne devrais-je pas continuer ? Reprendre ? Refaire ? Utiliser TOUT le temps imparti ? » alors que quand tu l’envoies sur le fil de l’aiguille, tu es juste soulagée que ton mail soit parti vers le bon destinataire), j’ai mille fois remercié l’ange gardien de m’avoir botté le cul et empêchée de laisser tomber pour cette année.
Un peu honteusement, j’ai filé sous la couette sans attendre ceux qui n’avaient pas encore fini pour tenter de dormir un tout petit peu avant que ne sonne le réveil (non sans les avoir salués et encouragés).
J’ai somnolé une heure avec ce bonheur si particulier d’avoir gagné une bataille sur moi-même, d’avoir grandi en relevant ce défi malgré tout ce qui penchait, tout ce qui vacillait. Et ça, c’est le point commun de ces trois participations : c’est avant tout un défi de soi à soi.
Durant la nuit du 19 au 20 décembre, nuit de l’orgasme, j’ai participé pour la seconde fois à cette aussi difficile que merveilleuse expérience de la nuit de l’écriture dans le cadre du Prix de la Nouvelle Érotique organisé par les Avocats du Diable.
Dépucelée l’an passé à la fois pour ce concours et pour ce genre littéraire, j’ai pris soin de me reposer, de préserver ma santé (pour ma première participation, j’avais eu la grippe la plus violente de ma vie), de ritualiser ma journée pour être centrée-concentrée. Marche, forêt, PPP, bain, ont rythmé les longues heures jusqu’à la soirée.
Comme lors de ma première participation, le plus dur (sans jeu de mots), le plus long (sans jeu de mots) aura été l’attente, tenir jusqu’à près de minuit pour recevoir les instructions en conservant éveil et motivation.
Nous étions moins nombreux sur la ligne de départ (218), moins nombreux encore à avoir tenu tout le long et à rendre copie avant que 08H00 sonnent (163) et que le stylo se transforme en poireau (toujours sans jeu de mots).
Comme lors de ma première participation, j’ai pris un plaisir intense (sans allusions), j’ai savouré ma chance d’être soutenue par tant de belles personnes (messages, souffle à l’oreille, appels), d’échanger tout au long de cette nuit avec les autres participants bienveillants (égo de côté, esprit de compétition remisé dans le placard à balai, éros à nos côtés), j’ai bu bien trop de café et n’ai pas pu dormir durant 24H00 une fois la nuit terminée.
J’avais toute ma tête, elle n’était pas embuée par la fièvre cette fois mais, justement, sans doute était-elle TROP là. J’ai réfléchi, bien trop, bien trop longtemps, mon plus gros défaut qui fait de moi tout sauf le bélier que je suis sensée être et j’ai donc dû entamer une course contre la montre et contre moi-même vers les 3H30 du matin avec un sérieux coup de rein collier vers 6H00 du matin.
J’ai failli renoncer plusieurs fois mais j’ai gardé à l’esprit que l’essentiel était de terminer et d’envoyer quelque chose d’à tout le moins correct et terminé avant la fin. Défi relevé à un cheveu du gong, mais relevé. Satisfaction de l’avoir fait.
Peu m’importe les résultats, je crois encore moins que la dernière fois à une possible sélection (tu me diras, l’an dernier, j’ai finalement été finaliste mais…), cette expérience m’a à nouveau énormément appris, je sais là où je vais, je sais mes faiblesses, rien de mieux qu’une telle écriture sous contrainte et sans sommeil pour mettre le doigt (toujours sans jeu de mots) sur les points qui manquent aux i.
Ils nous ont dit que l’on pouvait fanfaronner, que l’on pouvait courir à poil en hurlant que l’on était sélectionné, que l’on pouvait danser comme un poulet pour célébrer dès que l’on aurait vu le titre de notre nouvelle dans la liste de celles retenues.
Je n’ai rien fait de tout ça, juste ma respiration qui s’est emballée avec un peu de mon coeur pétri d’incrédulité, juste le souvenir du lycée à chercher son nom sur la liste des bacheliers dans la cohue des déçus et des reçus en bande organisée.
Je n’y étais même pas allée, au lycée, pour vérifier. Je bossais pour me payer un voyage anglais et ça m’avait bien arrangée de ne pas avoir à chercher ce fameux nom, j’avais peur de ne pas le trouver et de rentrer tête baissée, bouche à l’envers en maudissant les mois sans sommeil et la machine à laver qui ne cessait de tourner la nuit et qui me bringuebalait-cognait-secouait, m’interdisait de réviser.
Mais lundi j’ai cherché, j’ai affronté, j’ai bien failli déléguer cette menue quête au tout petit homme très curieux qui me harcelait depuis des jours pour savoir si j’étais ou non finaliste et puis non… ça devait être moi.
Nous étions 300 sur la ligne de départ de la nuit de l’écriture, 233 à renvoyer une nouvelle avant que le glas ne sonne à 07H00 du matin. Nous y avons tous mis nos tripes, tous dépassé nos limites, quelles qu’elles soient.
Nous sommes 30 à être sélectionnés pour la suite de l’aventure. J’ai bien dit « nous », car oui, j’en suis, il te faudra donc patienter, lecteur curieux, car je suis tenue au secret jusqu’au 29 mars, pas un mot sur ce que j’ai commis, encore moins un titre puisque c’est par ces seuls petits mots que le jury nous identifie, anonymat jusqu’à la fin et c’est bien.
J’ignore ce que sera la suite, j’ignore si je serai dans les 9/10 qui seront publiés, encore moins si j’ai une chance d’être lauréate de ce Prix de la Nouvelle Érotique (je ne croyais déjà pas être dans les présélectionnés, alors, tu te doutes bien !) mais ça répare, tu sais. Ça répare les « pour qui tu te prends » lâchés dans une cuisine et qui ont résonné longtemps, et tant, et tant…
Ça répare aussi sûrement que les yeux de chat qui me couvent et croient en moi, et ça redonne de l’élan autant qu’un souffle chaud entre les omoplates après une baignade dans un lac gelé.
C’était une nuit longue, étrange, que celle de samedi à dimanche.
C’était une nuit belle et invisible, marquante et qui me paraît aujourd’hui n’avoir existé qu’au secret de mon imagination.
J’ai participé à la nuit de l’écriture, dans le cadre du Prix de la Nouvelle Érotique organisé par les Avocats du Diable.
Un défi, une folie, où l’on demande aux participants, en une nuit, d’écrire une nouvelle sous double contrainte (contexte et mot final), la double contrainte étant envoyée à 23H59 et la nouvelle ainsi rédigée devant leur parvenir avant 07H00 le lendemain matin.
Un défi, une folie à laquelle je tenais à me joindre pour sortir de ma zone de confort, pour me dépasser, me faire mal aussi peut-être un peu, un mal qui fait forcément du bien puisqu’il permet d’aller plus loin.
Je ne me fais que peu d’illusions sur ma possible sélection parmi les 50 premiers, en février, encore moins sur celle des 20 du mois de mars, quant au lauréat, n’en parlons pas, vu l’état que l’on pourrait d’un doux euphémisme qualifier de « second » dans lequel je me trouvais au moment des faits. La grippe ayant, en effet, choisi ce jour particulièrement J pour me plaquer au sol, m’enfiévrer, m’assaillir de tremblements et céphalées, j’ai failli renoncer.
Mais…
Mais il y avait les yeux de chat qui viellaient sur moi, cherchant sa place pour me soutenir sans m’alourdir, pour m’aider sans m’encombrer et que je ne remercierai jamais assez d’être qui il est.
Il y avait les organisateurs, les 299 autres auteurs qui, grâce à une page Fb toute dédiée, se soutenaient, s’encourageaient effaçant d’un sourire ou d’un rire les doutes, les déroutes et tout ce que je redoute dans les concours (voir ici).
Il y avait les messages de soutien des amis qui tombaient sur mon téléphone et ponctuaient ma nuit (merci).
Il y avait cette pensée qui jamais ne me quittait : « rien à perdre, tout à gagner » et j’ai mille fois gagné dès les premières heures en découvrant toute la douceur des autres auteurs.
Il y avait l’objectif premier, déjà relevé : pouvoir participer à ce défi, à cette folie (c’était sur dossier).
J’ai renvoyé ma nouvelle à 06h37… Je n’ai pas renoncé et j’en tire une certaine fierté. Je suis restée en ligne avec ceux qui n’avaient pas terminé jusqu’à 07H00 du matin, je n’avais pas envie de les abandonner. Je n’ai pas réussi à trouver le sommeil après cette aventure, j’ai profité du lever de soleil puis d’une journée dans le brouillard.
Je n’ai que peu de souvenirs de ce que j’ai écrit, dans cet étrange délire que provoquent les fortes fièvres, dans cette étrange absence liée au manque de sommeil, j’ai « oublié » et ne veux pas y revenir pour le moment. Je ne me suis pas relue a posteriori, j’ignore si je le ferais.
En revanche, je n’oublierai pas cette une nuit longue, étrange, que fut celle de samedi à dimanche.