Naître

Allons-y, c’est tout droit

Ce matin, Edouard Baer s’interrogeait sur Nova. Avec une étrange synchronicité, il s’interrogeait presque comme moi.

Je te livre en substance, lecteur interrogateur, l’objet de son triturage de conscience (si tu aimes cet homme autant que ma tendance assumée à la sapiosexualité ou, si plus simplement, tu es curieux d’entendre le tout, va ) : « Faut-il avoir pleuré pour rire ? Avoir été malheureux pour être heureux ? » (en gros, hein).

Ce qui m’habite depuis peu, c’est de savoir si l’on peut reconnaître le bonheur, le vrai, le simple, le fulgurant, le pur, et le tout aisément.

Plus largement (parce que quand ça se lance dans mon cerveau, ça s’arrête rarement) : comment fait-on, lecteur heureux, pour reconnaître quelque chose que l’on ne connaît pas (oui, c’est bientôt le bac, petit bachelier qui révise sans te reposer, voici un sujet pour l’option philo, un entraînement en mode « vous avez quatre heures »…) ? Ce « re » qui induit « à nouveau », reconnaître, connaître à nouveau et si l’on ne sait pas, si l’on ne connaît pas, on fait quoi ?

Alors, tu vas me dire (et tu n’auras pas tort) que ce n’est pas si compliqué, que je ne fais aucun effort, qu’il suffit d’écouter attentivement les petits battements, la chair de poule, les émotions, les sentiments. Que ça tape ici et là, entre les côtes, je le sais, je te l’ai moi-même déjà dit  et que, d’un coup, les larmes te montent sans que tu saches vraiment pourquoi, un peu tout ça en même temps, un peu tout ça à la fois. Oui mais quand même…

Tu m’accorderas que pour reconnaître, il faut connaître (j’ai un côté psychorigide ou légèrement buté, je sais)…

Alors virons le « re » pour commencer et éviter de recommencer et puis tiens, soyons flamboyants, soyons fous, soyons éblouissants, virons le « con » et tous ceux de son peloton sauf à le voir comme une partie de notre anatomie, ne gardons que « naître » et envoyons le reste paître.

Parce que naître, c’est encore plus ébaudissant, c’est carrément espatrouillant, parce que naître c’est entrer de plein fouet dans la vie, parce que : « on naît le bonheur », ça susurre à l’oreille de belles promesses…