Mais que fait la Vilaine ?

Est-elle partie s’exiler dans un recoin de la planète, de plus en plus rare, où Internet n’existe pas ? A-t-elle cessé de lire, de s’intéresser au monde qui l’entoure avec son cynisme habituel ? Ses consultations auprès de son Docteur du cervelet ont-elles vidé son esprit de son joyeux venin ?

Bah non, La Vilaine a honte, mais elle est bien présente, elle lit bel et bien, regarde toujours le monde, s’encombre le cervelet de réflexions inutiles, consulte son blog et rit des termes recherchés qui lui ont amenés des visiteurs perdus (j’en ferai un résumé, promis !) mais ne s’est pas épanchée virtuellement depuis trop longtemps ! Et on ne peut le nier, c’est comme pour le reste, moins on mange, moins on a faim (ceci est valable aussi mesdames pour la bagatelle, gardez bien cela à l’esprit et mangez !).

Donc j’ai lu, car je ne saurais m’en passer, de bons et mauvais ouvrages, mais ne vous citerai que les bons,: Last Exit to Brooklyn de Hubert Selby Jr, pourtant peu amoureuse des nouvelles, mon vieil ami Hubert m’a encore régalée de son phrasé incomparable, de sa violence poétique (un comble), de son rythme essoufflé ; Le liseur de Bernhard Schlink, qui a répondu à quelques unes de mes réflexions sur l’illettrisme et les enfants des Nazis ; La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel m’a plus que touchée par son histoire mêlant immigration, filiation, Alzheimer et don de soi ; Mr Vertigo de Paul Auster ou l’apprentissage de la confiance envers les autres pour s’élever soi-même (depuis je médite !) ; Lumière d’août de William Faulkner, vous ai-je dit que j’adore cet auteur ? Ah oui…

Donc j’ai regardé le monde qui m’entoure, ai pleuré sur les bonzes Birmans sans trouver les mots qui se précipitaient dans mon cervelet pour exposer ma haine de ces hommes qui sacrifient la quintessence du pacifisme pour quelque argent de plus. D’ailleurs, peut-être est-ce là la raison de mon silence, trop petite, trop rien pour oser l’ouvrir face à ce qui me brûlait les yeux.

Donc j’ai peint, deux toiles, certes, mais il y avait longtemps que je n’avais retrouvé les gestes apaisants du peinturlurage, senti l’odeur de la térébenthine, du fusain, éprouvé la texture de la peinture à l’huile sous mon pinceau (et mes doigts…), cherché le mélange parfait et croisé mon reflet portant les traces d’une peinture un peu trop enthousiaste (héhéhéhé…).

Une leçon personnelle quoiqu’il en soit, à ne pas les mettre assez rapidement par écrit, mes pensées idiotes finissent par s’envoler, navrée d’en avoir privés mes visiteurs, je promets de ne plus m’y faire prendre !

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Fringale littéraire !

Urgence totale, plus de livre, enfin si, un bouquin interlude « Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin », qui me permet des transitions plus que joyeuses entre deux livres, et « Les Bienveillantes » que faute de moral approprié je ne parviens toujours pas à terminer (non pas que cet ouvrage soit inaccessible, ou mauvais mais juste qu’il est des lectures qui méritent un certain état d’esprit pour être appréciées).

Me voilà donc fonçant durant mon heure de déjeuner pour assouvir ma fringale littéraire, tel un drogué en manque cette bientôt absence de livre m’obsède depuis 3 jours, mais le temps me manquait pour remédier à ce GRAVE problème, me promettant comme de bien entendu, de faire :

1) Vite : il me suffit pour cela de me diriger vers 2/3 auteurs que je considère comme étant des valeurs sûres (Cohen, Selby Jr, Kundera, Dubois, et j’en passe),

2) Efficace : ne pas fouiner parmi 10 ouvrages des auteurs précédemment cités, mais en prendre au pif en s’assurant qu’ils ne meublent pas déjà ma bibliothèque,

3) Léger : n’en prendre que 2, faire un choix, ça changera et mon banquier sera heureux…

livresJ’entre donc d’un bon pas dans la librairie, je descends immédiatement au sous-sol pour les poches (j’ai abandonné l’idée de me trimballer d’énormes ouvrages dans mon sac), et fière de ma résistance à la tentation, je cherche par ordre alphabétique des noms d’auteurs aimés. Je prends tout d’abord William Faulkner « Requiem pour une nonne » (ayant lu la semaine passée « Sanctuaires » et ayant plus qu’apprécié cet univers, que, je dois honteusement l’admettre, je n’avais pas encore éprouvé), puis Colette « Dialogues de bêtes » (que je m’étais promis de lire depuis fort longtemps) et puis paf ! voilà que ça me reprend, mes yeux sont déroutés par ci par là. Tout d’abord les coups de cœur du libraire, puis de fil en aiguille tout y passe, ça y est, je flâne, sus à mes résolutions le temps devient élastique, je tripotte les feuilles, je lis une page d’un pur inconnu, je mets sous mon bras, puis un autre, puis un autre, je contemple les 4 livres coincés malhabilement entre mon avant bras et mon sac, incapable d’en sacrifier 2 pour faire bon compte, et décide que finalement je ne m’en sors pas si mal (pouvant facilement en acheter 10 d’un coup d’ordinaire) et conserve tous mes nouveaux amis (« La malédiction d’Edgar » de Marc Dugain, « ce que la nuit raconte au jour » d’Hector Bianciotti)…

Je remonte rapidement (manière de rattraper mon retard sur ma promesse), sors ma carte pour régler mon vice littéraire, mais voilà, le serpent est là me tendant l’ultime pomme : le libraire range des papiers et me laisse donc patienter sur le comptoir, comptoir prodigieusement bien fourni comme à son habitude de petits pamphlets, essais ou bouquins originaux. Et je craque ! J’ajoute discrètement en tremblotant : « L’art de se conduire dans la société des Pauvres Bougres » d’André Gill (mais sous l’hilarant pseudo de
la Comtesse de Rottenville) et « Le cabinet des curiosités médicales » d’Eric Bouhier.

Et ce soir, je caresse ces petits livres du regard, avec cette éternelle question de gourmande ayant ses gâteaux préférés devant les yeux : qui vais-je manger en premier ?

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