En cette dernière journée du monde, je ne pouvais faire l’impasse d’un article. Point d’au revoir, point de dernier billet, non, ami survivaliste coincé dans ton bunker dans l’attente de ta fin programmée, je ne suis pas d’humeur fin d’espèce mais plutôt taquine. Pas plus que je ne parviens à croire en un changement lors des nuits de nouvel an, je ne crois à un changement de cycle, ou à la fin de ce monde (ça arrivera, c’est certain, mais pas comme ça du jour au lendemain). Non, prêcheur qui attend la tombe, si tu cherches ton manuel de survie post-apocalyptique, passe ton chemin (d’autant qu’à mon sens, tes centaines de boîtes de conserve, ton abri antiatomique et ton stimulateur pour le cœur ne te seront d’aucune utilité si effectivement le monde venait à exploser). Cependant, n’ayant pas le jugement bien méchant, je ne manquerai pas de venir te réveiller demain matin (si tu as été gentil; plus tard si tu es une tête de lard) pour te montrer que le soleil s’est à nouveau levé et peut-être même que nous pourrons partager les victuailles amenées par l’ami Ricorée tout en riant à gorge déployée de toute cette petite aventure.
Pour ce pseudo dernier billet, je pourrais vous conter ma journée de fin du monde, à commencer par l’écureuil noir qui fit ripaille en face de ma fenêtre (est-ce un mauvais présage à l’instar du chat noir ?), et me vit courir dans le jardin en chemise de nuit après avoir délaissé brutalement mon bol de café juste pour tenter de l’immortaliser (j’ai le sens du ridicule relativement nul); je pourrais vous relater comment l’horaire prédit de notre terminus-tout-le-monde-descend international changea d’heure en heure sur les réseaux sociaux, à mesure qu’il ne venait pas (Anne ma sœur Anne, ne vois-tu pas la fin venir ? ), à la façon d’un journal de bord d’un Titanic s’apprêtant à couler à pic, mais m’étant promis de terminer cet article avant minuit, je vais me contenter d’attirer votre attention sur une nouvelle coïncidence de dates, pas le moins du monde cataclysmique, quoique…
Si ce 21 décembre 2012 est pour de nombreux croyants de toutes sortes, la fin du monde, c’est également la journée mondiale de l’orgasme féminin, alors gageons qu’en effet, si toutes les femmes du monde ont un orgasme simultané, il n’est pas impossible que cela déclenche un séisme d’une puissance rarement égalée car si lorsque l’on dit qu’un événement rare peut provoquer la pluie (le célèbre « Tu as passé l’aspirateur ?! Bah pinaise ! Il va pleuvoir ! »), un tsunami ne serait pas à exclure pour la situation sus-mentionnée (non sans jeu de mots). Le survivaliste de mauvaise foi ne s’amusera sans doute pas de ce hasard grivois, et poussera peut-être jusqu’à arguer que les Mayas, ces divins devins, savaient ce que nous ferions de cette date et s’en émouvaient au point d’y voir notre fin (la simulation semblant être leur fort).
Je vous souhaite donc une bien belle fin de nuit de fin du monde, que la petite mort soit avec vous plutôt que la grande qui, rappelons-le à toutes fins utiles, viendra quand elle le voudra, alors en attendant ne l’attendons pas.