Vous l’avez sans doute déjà remarqué dans plusieurs de mes articles, pour peu vous les ayez lus avec le regard critique qui décortique mes tics, mais les 13 et autres 20 heures télévisés et moi n’étions déjà pas dans des termes franchement cordiaux. Soupçons appuyés sur leur manque d’objectivité et leur besoin d’effrayer toute personne un peu crédule par des sujets traités avec tout le drame qu’ils ne méritent souvent pas, oublis certains de sujets « non vendeurs » et pourtant vraiment importants, orientation politique appuyée, bref, j’ai toujours privilégié une presse écrite et variée (justement par souci d’évitement des influences politiques), sur papier ou sur la Toile que les blablas journaleux des Pujadas et autres « stars » du 20 heures.
Et puis est survenu LE DECES, le fameux et terriiiiiible décès du grand Mickaël Jackson et là, ce n’est plus la défiance mais le dégoût qui se sont emparés de mon cervelet à chaque allumage d’écran. Attention, gardez-vous bien de penser que je remets en cause le malheur qui frappe la famille et les proches de ce grand chanteur, et même si je ne comprends pas que l’on pleure un être, aussi doué soit-il que l’on ne connaît pas personnellement, je respecte les réactions, même les plus disproportionnées, de chacun. Mais voilà, que durant toute une semaine (et encore je crois que je minimise là), le seul événement important de ce monde soit la mort d’un seul homme, je le répète, aussi doué soit-il, me laisse pantoise et déçue par notre société. Une heure de journal sur cette disparition, quinze petites secondes sur le reste : les étudiants Iraniens assassinés, les bombardements et guerres qui détruisent des milliers de vie, bref, on va faire vite fait, The King of the Pop vient de mourir lui !
J’avais donc repris le parti de ne plus regarder ces « journaux » télévisés (et oui, parfois La Vilaine fait montre d’une grande naïveté et revient sur ses décisions, des fois qu’elle se soit trompée, pis finalement, ben non), et puis Frédéric Fredj m’apprend en laissant un commentaire sur mon blog, que Thierry Jonquet vient de mourir dans la nuit du 9 au 10 août. Me voilà toute tourneboulée, ayant eu la chance de partager un vrai moment magique avec lui (voir mon article : Thierry Jonquet ou les découvertes des dîners Mille-feuilles), et sotte caillette que je suis, je décide de regarder le 20h afin d’entendre l’hommage, qui je n’en doute pas lui sera fait (il s’agit tout de même d’un auteur emblématique de romans noirs, d’un homme décoré par la LICRA pour son livre « ils sont notre épouvante et vous êtes leur crainte » et j’en passe).
J’allume donc mon écran, et m’assoie bien sagement sur mon canapé, le coeur lourd mais plein d’espoir d’entendre un hommage mérité. Ne pouvant regarder toutes les chaînes en même temps (ben nan, je n’ai qu’une télé et un seul cerveau), je jette mon dévolu sur TF1 parce que, reconnaissons-le sans honte, Harry Roselmack est quand même plus glamour que Françoise Laborde (même si celle-ci a eu le mérite de lâcher un « putain », réjouissant car surprenant, récemment).
Bref, donc je choisis TF1 pour des raisons purement animales, et c’est bien déçue que je constate que Thierry Jonquet ne se voit même pas accorder quelques minutes. Il aurait pourtant été si aisé d’en toucher mot en rebondissant sur les derniers affrontements en banlieue. J’en prends acte et me persuade que cet oubli sera réparé dès le lendemain.
Même configuration (sage, canapé, coeur lourd, espoir) le lendemain donc quand soudain (comme ils disent dans les émissions racoleuses) c’est le drame ! Après quelques minutes sur les véritables faits d’actualité, l’information du soir, le gros titre sur lequel on s’étend longuement, donc un des événements les plus importants du jour dans le monde entier, c’est l’hypothétique lieu d’inhumation de (j’vous l’donne en mille) Mickaël Jackson qu’on aurait (notez le conditionnel, parce que non, on n’est même pas sûrs) enfin découvert ! Une information à m’en provoquer une fausse route avec mon thé glacé non encore dégluti… C’est que je dois avouer ma stupidité et mon ignorance sur le sujet, j’étais persuadée que ce genre « d’informations » (vous noterez les guillemets ) était réservée à ce que l’on nomme communément la Presse à scandales et que la presse « sérieuse » ne nageait pas (encore) dans ces eaux troubles.
J’ai tout de même patiemment laissé s’écouler tout le (j’hésite à écrire journal, mais puisque c’est ainsi qu’il s’autoproclame, allons-y) journal, pas un mot sur le décès de Thierry Jonquet. Je n’attendais pas qu’on en fasse les gros titres, pas plus que je n’espérais que l’on aborde le sujet plus de quelques minutes (ce qui aurait totalement manqué de logique si l’on se réfère à mes propos d’un peu plus haut) mais tout de même, si le 20 heures ne s’était fait Presse à scandales en relayant un pseudo-scoop sur la sépulture de Mickaël Jackson, ces quelques minutes auraient pu être utilisées au profit d’un grand auteur Français trop tôt disparu…