
La Vilaine - infographie par la Vilaine
Voilà très exactement deux semaines que je me suis trahie, deux semaines que j’ai jeté derrière moi mes petits principes étriqués, deux semaines que j’ai chiffonné ma psychorigidité en m’inscrivant sur Facebook dans un grand élan d’inconscience et de légèreté.
Mais peut-être serait-il intelligent (ou juste plus pratique) que je vous fasse part de mes réserves afin que vous compreniez la hauteur de mon infidélité. Jusqu’alors je me refusais radicalement à m’inscrire sur quelque réseau social que ce soit, tout d’abord parce qu’il faut bien l’avouer, j’ai une sérieuse tendance au snobisme pour tout ce qui est populaire. Que ce soit le livre que tout le monde s’arrache, la musique-sur-laquelle-il-faut-absolument-remuer-du-coccyx, le côté « si une majorité de personnes trouvent ça hallucinipatant, c’est que c’est hallucinipatant » m’a toujours donné l’impression désagréable, que pendant ce temps-là, on passe à côté de petites choses bien plus épatassantes parce que bien plus confidentielles (oui, je sais, je suis en pleine phase de néologisme régressif mais assumé).
Sans compter l’agacement face à toutes ces personnes croisées, de la vieille copine de maternelle au politicien briguant la Mairie de ma ville et ma présence sur sa liste, me toisant bouche bée et l’oeil bovin devant mon absence Facebookienne (« Kuuua ? T’es pas sur Facebook ? ») me poussait dans les derniers retranchements d’une mini-rébellion, et me confortait dans mon envie de prendre le maquis de mon petit blog wordpress. J’avais également l’impression que s’inscrire sur Facebook signifiait la perte d’une certaine liberté d’expression et d’un certain contrôle. Car, soyons francs, une fois le pas franchi de la porte du réseau social, immanquablement des amis, de la famille, des connaissances, voire des collègues (!), toqueront à ladite porte par curiosité bienveillante pour certains et plus malsaine pour d’autres. Et qui sait si certains inavouables comportements, surnoms, photographies ne seront pas divulgués aux yeux de ceux envers lesquels vous préfériez conserver une image bien lisse, et puis après tout ça regarde qui votre amitié avec untel ou untel ou la bobine de votre chéri ?
Bref mon petit monde blogueste me convenait parfaitement.
Et puis, après que l’on m’a demandé l’autorisation de publier le lien de mon blog photos sur un mur Facebook, j’ai vu mon tout petit album virtuel flamber sous les visites et vilement, je me suis rendue à l’évidence : ma petite Vilaine, il serait grand temps de virer tes oeillères et de t’asseoir sur tes principes dépassés, les réseaux sociaux, ça a peut-être du bon.
Bon, je l’admets, j’ai triché (un peu)… Aucun renseignement autre que mon pseudo, ma date de naissance (aaah les dates de naissance, j’y reviendrai dans le prochain billet), accès super sécurisé digne de la CIA et liste d’amis bien triée (mon but n’étant pas d’avoir un maximum d’amis sur facebook pour me persuader que je suis un être aimable, je me refuse à ajouter de purs inconnus dans ma liste d' »amis » fussent-ils amis au sens facebook du terme), voilà ma petite compromission hypocrite avec moi-même.
Et me voilà donc, moi, La Vilaine, avec ma page Facebook, mon mur, mes liens et mes photos, pulvérisant comme je pulvérise une angine blanche avec un spray antiseptique, une majorité de mes idées reçues sur les réseaux sociaux… A suivre…