Vous est-il déjà arrivé de redécouvrir les gens qui vous entourent ? Je ne parle pas de ces moments où un trait de caractère naturel arrive soudain au galop, crinière au vent, révélant un penchant inavouable qui était resté bien camouflé jusqu’alors et peut parfois, vous laisser désemparé.
Non, je vous parle d’un moment de grâce, où l’on s’assoit à distance du groupe et où l’on prend le temps de regarder se mouvoir, parler, rire, interagir, chacun de ses membres sans chercher à participer. On disparaît, on devient le mur contre lequel on est appuyé, le sol sur lequel on est allongé. Et l’on regarde chacun d’entre eux, et l’on n’écoute plus qu’eux, comme on le ferait avec des inconnus depuis la terrasse d’un café un après-midi d’été.
Au final c’est assez rare, en groupe on veut participer, rebondir et digresser sur l’anecdote qui vient d’être contée. On a son petit ego, celui qui chatouille les cordes vocales et forme des mots, on ne veut pas être relégué dans le petit coin des oubliés. Alors on parle, on interrompt, on gesticule, on congratule.
On les connaît si bien, ces amis, ils sont notre paysage, par habitude comme on respire, on est à leurs côtés sans même y penser. Mais reculez de quelques pas, éloignez-vous et taisez-vous, voilà, comme ça. Regardez-les ces amis, ces gens qui partagent votre vie, voyez cette jolie bulle, prenez un peu de recul, admirez ce qu’ils forment, cette énergie hors norme.
Voilà ce qu’ils sont, ces amis, un essaim de petites abeilles butinant dans votre quotidien, pollinnisant de leurs sourires, de leurs éclats de rire, vos meilleurs moments. Ne sont-ils pas beaux ainsi, avec tous leurs défauts ? Ne remarquez-vous pas leurs faiblesses tout juste camouflées et leurs qualités à peine dévoilées ? Oui, c’est la première fois que vous les voyez vraiment, que vous prenez le temps, que vous vivez pleinement l’instant présent.
N’êtes-vous pas comme surpris, curieusement attendri, à les redécouvrir ainsi dans un moment petite souris ?
La Vilaine, ou l’art et la manière de poser avec justesse des émotions sur papier.
En tout cas, la blogosphère m’aura permise des rencontres enrichissantes et intéressantes. Sache juste que t’en fais partie 🙂
Merci Gounjounette, sache que c’est réciproque.
Le printemps réveille nos sens et ralenti nos digressions visuelles. Aussi, devenons perméables à la beauté qui nous entoure (si, si 😉
J’ignore si c’est lié au printemps (enfin en ce qui me concerne) puisque en hiver comme en automne, j’aime prendre ce temps de l’observation, de la contemplation, que ce soit pour les amis ou pour de simples passants…
Très jolie texte… Léger comme la plume qui l’a écrit…
Comme j’aimerais avoir aussi des amis pour pouvoir vivre ce genre d’expérience ;op
Il n’y a pas que les amis que l’on peut redécouvrir, mais son entourage, ses collègues, sa famille, en somme tous les gens qui partagent d’une manière ou d’une autre notre quotidien, en prenant de la distance on les voit avec une bienveillance soudaine, il suffit de les regarder comme si on les voyait pour la dernière fois, de chercher à graver ce qu’ils sont dans notre mémoire.
C’est juste un régal de te lire et de t’avoir comme amie. C’est comme ça que je t’aime !
Merci ma Lolo. C’est plaisant aussi de t’avoir pour amie.
Ce « phénomène » m’est déjà arrivé à plusieurs reprises. En prenant un peu de recul, on se rend compte que nos proches, nos amis et notre famille ne sont pas l’image que nous avons fait d’eux. C’est assez triste en réalité.
Triste ou joyeux, ça dépend du recul pris. En ce qui concerne l’expérience relatée ici, ce n’est que du positif, mais je comprends très bien ce que tu évoques.