J’ai pris tout mon temps, ouvert les fenêtres pour changer ton air, fait couler un café pour que l’odeur d’arabica parfume ta journée. J’ai déjeuné sur la terrasse qui, à mesure que l’automne avance, prend des airs de tapis mordoré, m’en suis moquée, n’ai pas cherché à la balayer. J’ai regardé la montagne disparaître sous la brume, respiré l’air chargé d’humidité, observé les gouttelettes de brouillard danser sur la rambarde.
J’ai pris tout mon temps. J’ai fait couler un bain brûlant, salué l’étrangère dans le miroir, noyé mon corps dans la baignoire, perdu l’ouïe quelques instants. J’ai gommé ma peau fatiguée, l’ai rincée de sa nuit d’insomnie, l’ai hydratée et parfumée pour tromper ton ennui.
J’ai grimpé les escaliers sur la pointe des pieds, en prenant garde de ne pas les faire grincer, me suis glissée sous les draps, collée contre toi, j’ai respiré tes rêves sans bruit pour ne pas briser ta nuit. J’ai pris tout mon temps.
J’ai laissé s’écouler la matinée, sans chercher à la retenir, sans tenter de la remplir. J’ai refermé les fenêtres, allumé un feu pour que tu n’aies pas froid, cuisiné sur un air d’opéra.
Je vous ai regardé vous lever, amusée, toi et ta mine renfrognée, tes yeux mouillés de sommeil, je n’ai pas bougé, je t’ai observé à la dérobée. Je n’ai pas dit un mot, préservant la douceur de ce jour de repos, goûtant les silences, nous protégeant de toute contrariété.
J’ai choisi mon fauteuil, y ai invité les chiens, l’ai rapproché du feu, ouvert un bouquin, me suis servi un verre de vin. J’ai pris tout mon temps, me suis enveloppée dans la simplicité : toi, un feu de cheminée, La Traviata et Véronique Ovaldé.
Et bé si ça c’est pas une chouette déclaration, moi je m’y connais vraiment rien de rien… … ! de rien…
Vous vous y connaissez Jacques.
Oui une très belle déclaration, qui sent la sérénité
Ca fait rêver …
Heureuse de lire que les choses les plus simples permettent de rêver.
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