À Coeur Pendu – Recueil de poésie suivi de Eros & Haïkus (Haïkus érotico-humoristiques)

Roulements de tambour, trompettes et coupettes, À coeur pendu, mon recueil de poésie, est là et bien là après des mois de tergiversations, préparations, attente, illusions, désillusions et illumination (mon cerveau ne connaît guère la sobriété énergétique, et j’ai souvent des coups de chaud).

À coeur pendu, recueil de poésie par Audrey Debuysscher

À coeur pendu, illustrations et poésie

L’idée était sans doute un poil ambitieuse que d’illustrer une partie de mes poèmes et de les réunir dans un recueil mais l’envie fut plus forte et, puisque j’ai réalisé un certain nombre de dessins et calligrammes pour le collectif Lorderey, ils étaient en partie existants (en affiches notamment, si tu es curieux et que tu cherches un cadeau de Noël original, tu peux aussi aller voir les impressions sus-citées).

Affiche calligramme Lorderey

À coeur pendu, érotisme et liberté

Tu le sais, lecteur en sueur, je participe depuis plusieurs années au Prix de la Nouvelle Érotique et je ne suis donc pas des plus réservées dans les écrits porteurs de fantasmes, de corps et de liberté. Alors non, cet ouvrage n’est pas adapté aux enfants (contrairement aux Fleurs roses du papier peint qui fut étudié en classe de CM1). Pour autant, hormis la dernière partie (Eros & Haïkus), il n’y a pas non plus de quoi s’offusquer.

À coeur pendu, c’est un recueil de poésie explorant le féminin, l’attachement et la dépendance affective jusque dans la chair et l’âme. C’est une ode à l’amour sous toutes ses formes mais également, en filigrane, au choix, à la libération même si cette dernière peut parfois prendre la forme d’une soumission. 

Expo et dédicaces

Et comme un bonheur ne vient que rarement seul, entraînant un autre dans ses pas, j’ai la joie d’exposer deux fois en cette fin d’année :

Le 17 décembre prochain à la Galerie Reca à Ballaison, dès 15h00 (voir événement sur Facebook)

Le 23 décembre prochain à Yvoire dès 11h00 (voir événement sur Facebook)

Vous pourrez y découvrir mes affiches ainsi que le recueil (et mes autres livres) que je me ferai un plaisir de vous dédicacer.

Vie Vent

Du vent !
Vie vent !

Il y a ce vent que plus personne ne prend la peine d’écouter.

Il y a ce vent qui t’emmène dans les profondeurs des forêts,

Tambour battant, coeur en apnée, 

Il y a ce vent, ce vent qui réveille et souffle les pires conseils.

Il y a ce vent, qui vient chercher tes instincts, ton animalité.

Il y a ce vent qui souffle sur ta peau, ce vent qui soulève, te soulève à te renverser.

Il y a ce vent qui t’invite, te pousse, t’exhorte à danser.

Il y a ce vent qui t’envole jusqu’aux toits pour danser. 

Il y a ce vent qui hurle au corps comme le chien hurle à la mort. 

Il y a ce vent, et il y a les corps soudain vivants. 

Nulle part ailleurs

Il y a des gens que j’aime d’un amour qui n’existe nulle part ailleurs dans mon cœur. 

Des gens que j’aime pour leur rare loyauté et leurs valeurs. Des gens animés par la conscience de leur brève existence, par l’urgence de semer la bienveillance et la beauté.

Ce n’est pas un amour charnel, fraternel ou maternel, c’est un amour d’âme.

C’est un amour pur, un amour originel. 

Ils pansent leurs blessures en pensant les autres, ils battent l’injustice au rythme de leur cœur. Leur droiture ne faillit pas et, si toutefois elle s’émousse, ils n’ont de cesse de réparer leur erreur. 

Il y a des gens que j’aime d’un amour qui n’existe nulle part ailleurs dans mon cœur. 

Des gens devant lesquels je peux me présenter nue sans craindre pour ma pudeur. Ils défont leur manteau pour m’en envelopper.

Ils répondent aux questions les yeux droits dans le cœur, ils ne détournent rien, même à leur faveur. 

Il y a des gens que j’aime d’un amour qui n’existe nulle part ailleurs dans mon cœur. 

Parce qu’ils ont l’humanité et un code d’honneur, parce qu’ils ont la fidélité et les actes des grands seigneurs. 

Fin janvier

J’aime le soleil de fin de journée.

Le soleil de fin janvier, au moment où il est prêt à décliner.

La nature qui lutte pour se réveiller.

J’ai profité de ce soleil de fin de journée,

J’ai absorbé la forêt, son contenu, son contenant.

J’ai fureté, j’ai flâné, j’ai musardé. 

Et puis je suis rentrée, les joues rosies, le nez glacé.

Je suis rentrée, à l’heure où le ciel rougeoie comme le sang,

Les doigts en proie au fourmillement de la chaleur retrouvée.

J’ai profité d’un instant, calme, sans bouger.

J’ai allumé des bougies, des lampes, de l’indirect, du non violent,

Pour conserver la luminosité chaude de la forêt dans le soleil de fin janvier. 

« Mets-nous un peu de soleil, Minouche », ai-je prononcé,

Réveillant la mémoire de ma grand-mère qui enjoignait son mari d’allumer dedans ce qui disparaissait dehors,

Je me suis assise sur le canapé, Joep Beving en fond sonore. 

J’aime le soleil des fins de journées de janvier.

Un soleil trompeur dont la couleur mime la chaleur.

J’aime le soleil des fins de journées de janvier. 

Il porte la promesse de toutes les futures douceurs.  

Se souvenir des petites choses

On vit dans le souvenir des grands événements et dans l’attente des suivants.

On vit dans le souvenir des grands événements et dans l’attente des suivants, oubliant que ce sont les moments anodins, les petits riens du quotidien qui en sont les ponts, qui en font le chemin.

Que ce sont ceux-là qu’il convient de soigner, d’entretenir et de provoquer, et de savourer.

Nourrir les riens du quotidien, les joies minuscules, les bonheurs lilliputiens, lesquels, à force de grandir, à force de fleurir, de se cumuler, de s’amonceler, en viendront à nous dépasser et sans même que l’on n’y prête la moindre attention, permettront aux grands d’advenir.

Le beau, le grand, il faut aller le chercher dans l’infinitésimal, dans le discret, c’est là qu’il est caché.

Et dans les moments compliqués, se souvenir de ce qui fut, de ce qui sera sans perdre de vue ce qui est, là, à portée.

Faire que son herbe soit plus verte qu’ailleurs en l’enrichissant de son amour jour après jour, en conservant son regard premier, celui encore emprunt de sa naïve découverte.

On vit dans le souvenir des grands événements et dans l’attente des suivants, oubliant que ce sont les moments anodins, les petits riens du quotidien qui en sont les ponts, qui en font le chemin.

Parce que ce qu’il subsistera, à la fin, au moment de se retourner une toute dernière fois sur sa vie et son passé, ce qu’il y aura, à la fin, ce sera avant tout, surtout, par dessus tout, les souvenirs d’une vie construite sur le quotidien.

Prix de la Nouvelle Érotique 2022

Dans la nuit du 18 au 19 décembre, j’ai participé pour la troisième année consécutive au Prix de la Nouvelle Érotique, organisé par les Avocats du Diable. Pour mémoire, ce prix se déroule lors d’une nuit : un contexte et un mot final reçus juste avant minuit et jusqu’à huit heures le lendemain pour (tenter de) rendre copie (une nouvelle érotique inédite, de vingt mille mots max, pas de minimum requis). 

Une nuit excitante à plus d’un titre, une nuit épuisante sur laquelle tu peux, lecteur libidineux, retrouver de plus amples informations ici, ou encore et enfin ici aussi.

J’ai découvert qu’aucune ne se ressemble vraiment. La première n’était que curiosité et exaltation, point de trac, la naïveté d’une première fois où l’on ignore à peu près tout de la sauce à laquelle on sera avalée, le contentement d’être sélectionnée suffisait à mon bonheur sans plus d’attente que celle de relever le défi. 

La seconde, le stress était là toute la journée : je savais tout du déroulé, de la difficulté, de l’indispensable temps à maîtriser, de la gestion de l’effort quasi marathonien, du coup de barre qui frappe aux alentours de trois heures du matin.

Et pour cette troisième participation, ni stress ni véritable excitation. La joie de retrouver près de trois cents participants, dont certains avec qui j’avais tissé des liens, mais pour le reste, mon organisation personnelle étant bien plus complexe, mon esprit pris par d’autres chats, je n’ai pas eu le loisir de sentir la pression monter et si à l’inscription la motivation était là et bien là, le jour J, ce n’était pas ça… du tout… du tout. 

J’avais donc pris la décision d’attendre jusqu’à réception de la consigne et du mot final et, la journée qui s’annonçait le lendemain étant aussi chargée que celle qui se terminait, d’aller me coucher sans plus de regret si l’inspiration ne venait pas (je pouvais espérer, au mieux, une heure de sommeil si toutefois je rendais copie avant six heures). 

Et puis un ange gardien a soufflé à mon oreille à plusieurs reprises au fil des heures précédentes, suffisamment doucement et fermement pour me remettre dans le droit chemin, me rappeler comme j’aimais ce défi annuel et que c’eut été couillon de m’en laisser dévier par quelque contrariété. 

Le mail est tombé à 23H59, thème : « Avis de pas sage », mot final : « bâton ». Pour les deux premières participations, je m’étais préparée à ma nuit : temps de calme, repos, marche, bain chaud. Là, je n’ai pas eu une minute à moi, pas un espace libre pour poser mon esprit, me reposer, me détendre ou me défouler, alors j’ai tout fermé. Une bulle hermétique. Je n’ai pas flâné sur la page Facebook dédiée hormis pour souhaiter à tous une belle nuit de concours ; je n’ai pas mis de musique, excepté en tout début de nuitée pour me centrer quelques minutes en écoutant, deux fois, « Una Furtiva Lagrima » qui semblait appropriée à mon humeur ; pas ouvert mon téléphone, sauf pour mon ange gardien qui patientait solidairement pour me lancer ses encouragements sur la ligne de départ.

Et, étonnamment, ça a coulé plus aisément que je ne l’aurais pensé. J’ai mieux maîtrisé le temps et le dosage de caféine (l’année passée, le lendemain je vibrais comme un téléphone tout le dimanche et je crois même avoir pissé du café), j’ai mieux géré les pauses et le fameux coup de barre de trois heures du matin (celui qui te donne envie d’abandonner juste parce que dormir te paraît tellement plus nécessaire que ce que tu es, pauvre folle, en train de faire). 

J’ai achevé ma nuit aux alentours de 5h00 du matin, renvoyé mon écrit à 5h30 avec du doute plein la tête (j’ai découvert d’ailleurs cette fois que s’il te reste du temps, vient ce doute avant l’envoi : « Ne devrais-je pas continuer ? Reprendre ? Refaire ? Utiliser TOUT le temps imparti ? » alors que quand tu l’envoies sur le fil de l’aiguille, tu es juste soulagée que ton mail soit parti vers le bon destinataire), j’ai mille fois remercié l’ange gardien de m’avoir botté le cul et empêchée de laisser tomber pour cette année.

Un peu honteusement, j’ai filé sous la couette sans attendre ceux qui n’avaient pas encore fini pour tenter de dormir un tout petit peu avant que ne sonne le réveil (non sans les avoir salués et encouragés). 

J’ai somnolé une heure avec ce bonheur si particulier d’avoir gagné une bataille sur moi-même, d’avoir grandi en relevant ce défi malgré tout ce qui penchait, tout ce qui vacillait. Et ça, c’est le point commun de ces trois participations : c’est avant tout un défi de soi à soi.

Ô limbes

On a tous vécu une fois (façon de parler) une situation qui ne nous convenait pas.

Généralement, quand elle n’est plus pour nous, quand on doit bouger, changer, partir, modifier, l’Univers nous la rend d’inconfortable à douloureuse, ad nauseam. On nous dit de penser que « c’est une leçon », un apprentissage, que tout est pour le mieux et que le meilleur adviendra, surtout, n’oubliez pas de remercier le guide. 

Quelqu’un a-t-il un jour soufflé à l’Univers les bienfaits de l’éducation positive pour le sortir de sa préférence pour l’éducation coercitive ?

L’humain est-il con à ce point qu’il ne puisse avancer autrement qu’à coups de poings ? 

Ne pourrait-on pas imaginer toute autre façon de progresser ? Une échelle de bonheur dont on gravirait les échelons ? 

Ne pourrait-on pas ? Allons, juste pour cette fois, imaginons…

« Bonjour, vous êtes au niveau deux sur l’échelle du bonheur. Nous vous proposons une opportunité, voilà une occasion que nous vous tendons, à vous de la saisir ou non. Excellent choix, Madame Quicampois ! Vous voici donc parvenue au niveau trois ! »

Au fil de nos vies, nous progresserions gentiment, chacun son rythme, de barreau en barreau jusqu’au sommet qui nous correspond. Ou, si nous n’avions pas compris la leçon, nous resterions bloqués en bas, sans plus de façon, sans besoin de PLS et de guérison.

Mais non. L’Univers préfère l’apprentissage par la douleur. Il nous fait brusquement tomber du piédestal sur lequel on croyait avoir été délicatement déposé, là où l’on pourrait enfin se poser, se reposer, tomber l’armure et les épées. 

Puis il nous regarde sombrer, couler bien profond, et lorsque la blessure est béante, ravivant toutes celles du passé, lorsque les viscères sont à terre, prêtes à se putréfier, alors il nous demande de les examiner avec la compétence de l’haruspice.

Et si, par chance, on parvient à comprendre et intégrer, alors, seulement, il nous fait l’insigne honneur de nous tendre la corde de la miséricorde à laquelle notre instinct de survie nous pousse à nous accrocher pour nous échapper. 

Il serait bon que quelqu’un souffle à l’Univers qu’il existe d’autres façons que l’affliction. À moins que l’on ne tente une pétition ?