Jaune

soleil

On a traversé la France de part en part en se laissant déposer là où le vent le décidait.

Partout le même triste constat : chaleur écrasante, champs brûlés par le soleil, jaune, tout était jaune et buriné, même là où l’herbe est réputée plus verte qu’ailleurs.

On a traversé la France de part en part, de l’extrême sud à la Normandie, sans trouver de verdure, jaune, tout était jaune, même là où les nuits fraîches offrent encore un peu de rosée aux champs épuisés.

On a traversé la France de part en part, cherchant les coins sauvages pour vivre sans chaussures, marcher pieds nus, danser dans l’herbe, plaisir sensuel annuel qui ramène à l’essentiel, jaune, l’herbe était jaune et coupante comme des échardes de bois. 

On a traversé la France de part en part, cherchant à fuir la chaleur mais ne trouvant de fraîcheur nulle part, hormis dans quelques rivières gonflées par des glaciers délités et dans lesquelles nous nous sommes jetés, nus, éreintés. 

On a traversé la France de part en part pour se mettre au vert mais jaune, tout était jaune et brulé.

La nuit n’éteint rien

Twilight zone – Midnight Sun

Elle est arrivée sournoisement avec un naturel déconcertant. Balayant un vent froid au moment où l’on ne s’y attendait pas.

Le froid est devenu un chaud qui vous brûle jusqu’au cerveau et vous empêche de réfléchir, de dormir, vous coupe l’air, la faim et enflamme chaque centimètre carré de peau.

Je te vois lecteur, la peau moite et la bouche coite, les perles de sueurs qui glissent dans le creux de ton dos, encombré, empêtré dans cette chaleur, à ne plus savoir que faire pour la soulager. Puis, tu te dis qu’il faut en faire le moins possible, justement, pour ne pas augmenter la température, s’immobiliser, se faire paresseux.

Tu attends le soir, la nuit, tu te dis que quand il fera noir et que tu dormiras, la chaleur te laissera un peu de répit.

Mais tu te leurres, lecteur, la nuit n’éteint rien.

Quoi que tu fasses, la canicule est bien là et tu ne dors pas.

Alors, lève toi, fais contre mauvaise fortune bon et grand coeur, va voir le lever de soleil (4H40 ce matin, je le sais, j’y étais), c’est le seul moment où il fait (presque) frais. Ne lutte pas, apprivoise-la cette chaleur, laisse-la car quand l’hiver reviendra, peut-être que tu la regretteras.

 

 

Comme un souffle de vent sur la canicule

Souffle de vent - Photo par La Vilaine

Je ne me contente plus. Longtemps je me suis contentée, et même contentée tout mon content, jusqu’à plus soif, m’estimant bien contente, me complaisant dans mon contentement, me martelant le cervelet de mantras de joie, de youpitralala, me chantant intérieurement le bonheur d’être contente.

Est-ce les prémices du vieillissement ? Est-ce le début d’un grand chamboulement ? Est-ce l’ombre de Marie-Agnès qui pèse de tout son poids (ceux qui n’ont pas lu mes nouvelles, se mordent les doigts !..) ?

Je veux plus qu’un contentement, je veux prendre et le faire pleinement…

Comme un souffle de vent sur la canicule, un souffle de vie souffle sur votre Vilenie. Observez bien, et contemplez, chaque brin d’herbe soudain ranimé, après des jours de touffeur extérieure, où la nature semblait manquer d’air, où l’oxygène s’était raréfié…

Doucement d’abord, une légère brise, un changement imperceptible. Puis elle monte, elle prend corps, soulève la robe, se joue de votre mise, vous enveloppe, pénètre sous vos vêtements. On ouvre les portes contre lesquelles elle tambourine, on la laisse entrer, on accepte qu’elle pousse les rideaux, claque les volets, branle les branches…

On la respire, on l’absorbe, on l’écoute pour un moment. Puis elle devient vent violent, menace de renverser des objets, de briser quelques effets ! On recule, on hésite, on pousse sur les fenêtres, on se ravise, et l’on comprend ! Et l’on prend ! Alors s’ouvre un monde, une vie, une gourmandise, on apprend à aimer ce vent. Et malgré la peur de s’envoler, on approche la main courante, on la saisit et on l’enjambe, pour se laisser emporter sans trop savoir où le vent va nous mener…