
Les muses s’amusent
Je t’en parlais ailleurs, succinctement : il n’y a pas d’équivalent masculin au terme Muse.
Pour autant, j’ai des muses masculines, sans poitrine, qui m’insufflent régulièrement une pointe de volonté, un brin d’inspiration. Des lieux, des événements, des gens, sans qui mon imagination manquerait d’air mais si j’en crois le dictionnaire, le synonyme le plus proche de muse en mode testostérone serait « rut ».
Tu me vois, lecteur, te causer de rut ? Réclamer du rut pour m’aider à achever mon roman ? « J’ai besoin de rut, je manque d’inspiration ! »
Ou, au milieu d’un dîner, pour rendre hommage à ceux qui m’ont aidée, annoncer tout à trac : « Je dois tout à mon rut, sans lui, ce roman n’aurait pas pris vie » (nul besoin de modifier l’orthographe de ce dernier mot, je sais que tu en as saisi le jeu particulièrement faisandé).
Rien que le fait d’évoquer ce mot sulfureux me vaudrait des regards interloqués (au mieux), choqués (plus certainement) ou affolés sur mon état de santé. Bien sûr, je gagnerais du lecteur (il suffit de voir l’audience toujours incroyable de mon « Homme de ménage nu« ) mais perdrais sans doute quelques ami(e)s échaudé(e)s par une liberté de ton à laquelle il ne manque que trois petites lettres.
Rut… En même temps, ce n’est pas si con…
Si l’on s’en réfère à sa définition.
Reprenons ce que m’indique mon amie la rousse : « Rut : État physiologique des mammifères qui les pousse à l’accouplement » si l’on pousse notre enquête à chercher celle, technique, d’accouplement : « dispositif destiné à rendre solidaires deux pièces ».
Tu commences à saisir ? Non ? Alors, penchons-nous deux minutes sur le processus de création, sorte de puzzle dont on tente de rapprocher les pièces solidairement, ne vois-tu pas de quoi expliquer les discours sus-cités ?
D’autant que produire, c’est un peu reproduire une partie de soi, c’est un peu se reproduire, non ?
Passons…